Obama recycle un vieux complice de George Bush à la CIA

Autant on peu applaudir le choix de John Kerry et Chuck Hagel, comme secrétaire d’État et secrétaire à la Défense, un signe de changement dans la bonne direction de la politique étrangère américaine, autant on peut être déçu qu’Obama ait décidé de faire confiance à John Brennan, l’un des sinistres hommes de main de son prédécesseur pour diriger la CIA. Il a été chef de cabinet de George Tenet, le directeur de la CIA qui a assuré Bush que l’invasion de l’Irak serait «a slam dunk» (c’est du tout cuit!).

Brennan a été à la CIA pendant un quart de siècle avant de prendre sa retraite en 2005. Il était directeur général adjoint de la CIA lorsque l’agence a conçu le programme de torture connu pudiquement par l’expression «technique d’interrogatoires renforcées» qui comprenaient notamment la simulation de noyade. 

Malgré son passé sous Bush, Brennan est devenu un ami intime du président Obama, dont il a la confiance absolue. Il a fait de lui, en 2009, son conseiller principal pour les questions de lutte contre le terrorisme à la Maison-Blanche.

Brennan avait la responsabilité directe des assassinats par drones de centaines de suspects de terrorisme à travers le monde. Ces drones ont aussi tué plus de mille civils innocents qui se trouvaient par hasard dans leur proximité immédiate.

Un rapport d’un comité consultatif remis récemment à la secrétaire d'État Hillary Clinton déplore que les frappes de drone soient trop souvent autorisées sur des individus qui sont simplement suspects parce qu’ils possèdent un profil ou «une signature de terroriste», sans qu’on ait de preuves contre eux.

Plusieurs pensent à Washington que la confirmation de Brennan par le sénat va être encore plus difficile que celle de Hagel qui va devoir affronter l’opposition véhémente du lobby pro-Israël. Le sénateur John McCain a l’intention de questionner Brennan sur le recours à la torture à la CIA. McCain, lui-même soumis à la torture alors qu’il était prisonnier de guerre au Nord-Vietnam, est un opposant inconditionnel de son usage par les États-Unis.

D’autres sénateurs ont l’intention de connaître le rôle de Brennan dans les enlèvements de suspects de terrorisme à l’étranger pour les remettre à des pays amis des États-Unis qui se chargeaient de les torturer pour la CIA. En 2005, il a fait l’éloge de ces enlèvements comme «un outil absolument indispensable» à l’émission NewsHour de PBS. Il a tenté ensuite de prendre ses distances de la torture en affirmant qu’il s’y opposait, mais il a quand même déclaré publiquement en 2008 que certaines de ces techniques avaient «sauvé des vies».

Le rappel de ses déclarations avait soulevé une telle colère chez les partisans d’Obama et des défenseurs des libertés civiles que le nom de Brennan avait du être retirer la liste des candidats au poste de directeur de la CIA de l’administration démocrate en 2008. Maintenant, Obama revient à la charge.

Le président Obama a tout fait pour empêcher que les principaux responsables de l’administration Bush aient à répondre de leurs actes criminels devant des cours de justice américaines et internationales.

Les audiences de confirmation de l’un de ces criminels de guerre, John Brennan, risquent de compromettre Obama lui-même dans certains de ces crimes. Les sénateurs vont sans doute demander à Brennan d’expliquer sur quelles règles se fonde Barack Obama (et son prédécesseur George W. Bush) pour autoriser des assassinats ciblés de terroristes présumés, dont certains sont des citoyens américains.