Le Vatican à la renaissance: le temps des papes décadents

Quatrième article de la Série noire du Vatican. L’Église reconnaît que des gredins et des fripouilles ont été élus papes, mais elle professe que leurs leurs décisions ont été inspirées par le Saint-Esprit.

     La série noire du Vatican
    1. Le temps des papes pornocrates
    2. La papauté aux mains de psychopathes et de forbans
    3. La légende de la papesse Jeanne
    4. Le Vatican à la renaissance: le temps des papes décadents

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La Renaissance, époque de splendeur dans le domaine des arts, est aussi une période de décadence morale pour l’Église. En 1464, Paul II, un homosexuel pratiquant, est choisi pape. Son successeur Sixte IV  (1471–1484) est connu comme le pape proxénète, parce qu’il a instauré un impôt pour les prostituées de Rome, les obligeant à lui verser 20 000 ducats chaque année.

Cet argent permet à l’esthète qu’il est d’assurer la restauration de la chapelle Sixtine, qui lui doit son nom. Sixte est aussi un pédéraste bisexuel qui nomme cardinaux deux de ses amants adolescents et un barbier qui est le fils d’un de ses partenaires sexuels.

La papauté de son successeur Innocent VIII (1484–1492) est surnommée «l’âge d’or des bâtards», le pape ayant eu huit fils illégitimes et probablement autant de filles. Sur son lit de mort, il exige qu’une nourrice satisfasse un dernier caprice: un allaitement au sein.

Rodrigue, un laïc débauché membre de la redoutable famille Borgia, lui succède sous le nom d’Alexandre VI en 1492. Son oncle, le pape Calixte III l’avait fait cardinal à 24 ans, même s’il n’avait jamais été prêtre. Le jour même de son élection, il nomme son fils, le sanguinaire César Borgia, archevêque et il l’élève ensuite au cardinalat. On lui attribue des rapports incestueux avec sa fille, l’empoisonneuse notoire Lucrèce. Il meurt d’ailleurs empoisonné après avoir bu un breuvage qui était destiné à un de ses invités.

Petit, gros et laid, Léon X (1513–1521), ouvertement homosexuel, célèbre son élévation à la papauté en privé avec son amant, qu’il fait rapidement cardinal. On rapporte que l’amant jaloux du pape tente de le faire assassiner par le médecin qui soigne ses hémorroïdes en lui faisant mettre du poison dans l’anus papal. Le complot découvert, le médecin est écartelé; l’amant, torturé et assassiné.

Paul III (1534–1549) est nommé cardinal par Alexandre VI en obligeant ses soeurs à coucher avec le pape. En 1548, il confie au duc Mendoza, ambassadeur d’Espagne au Vatican, qu’il ne croit pas à l’existence de Jésus-Christ. Il commande à un Michel-Ange vieillissant la fameuse fresque Le jugement dernier, qui orne la chapelle Sixtine. Perçue comme homoérotique, l’œuvre provoque un immense scandale. Ses quelque 400 personnages, dont le Christ lui-même, sont complètement nus. Un cardinal s’exclame en la voyant qu’elle devrait figurer dans un bordel plutôt que dans une église. Michel-Ange lui-même, peu avant sa mort, écrit à saint Charles Borromée qu’il «se faisait un cas de conscience de laisser après lui une pareille chose».

Après son décès, le pape Paul IV charge le peintre Daniel de Volterra de recouvrir le sexe des nus et de modifier les positions obscènes de certains personnages. Un saint semblait en train d’en sodomiser un autre. Cela lui vaut le surnom de braghettone ou de «poseur de culottes» dans l’histoire de la peinture.

Jules III (1550-1555), qui sodomisait des garçons, nomme plusieurs beaux adolescents cardinaux. Le fameux poème Éloge de la sodomie du cardinal Della Casa lui est dédié. Pie IV (1559–1565) est soupçonné d’avoir fait empoisonner sa mère et sa nièce pour mettre la main sur leur héritage. Fou de rage, il tue lui-même deux cardinaux et un évêque polonais au cours d’une discussion théologique qui tourne mal.

Le Vatican ne cache plus le côté sombre de son histoire. Depuis le XIXe siècle, ses archives sont ouvertes aux historiens. L’Église reconnaît que des gredins et des fripouilles ont été élus papes, mais elle professe que leurs faiblesses humaines n’ont pas affecté leurs décisions théologiques et dogmatiques, qui ont été inspirées par le Saint-Esprit.

Le grand historien catholique britannique Arnold Toynbee a déjà expliqué sa foi dans l’Église en notant qu’aucune institution, dirigée avec une telle cupidité malhonnête, n’aurait pu durer si longtemps si elle n’était pas d’origine divine.