Comment rendre nos élections plus démocratiques?

La plupart des élus au Québec ne représentent pas la majorité de leurs électeurs. Le nouveau maire de Montréal, comme je le notais dans ma dernière chronique, n’a la confiance que d’environ 13 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. Cette situation se retrouve à des degrés divers pour les élus à l’Assemble nationale et au Parlement fédéral. Il y a, bien sûr, l’exception des circonscriptions à majorité anglophones ou ethniques du Québec, là où les électeurs accordent des scores astronomiques aux libéraux pour se protéger de la majorité francophone.

Comment faire pour rendre notre système électoral plus représentatif? D’abord prendre des mesures pour amener plus de citoyens paresseux ou indifférents à voter. On pourrait ainsi envisager le vote par internet pour attirer les jeunes électeurs qui sont moins nombreux que les plus vieux à participer aux scrutins. On pourrait aussi imaginer un système de récompense pour les citoyens consciencieux. Vous n’êtes pas allé voter, vous n’avez pas le droit à tels services de l’État gratuitement. Vous allez voter, félicitations, vous allez payer moins cher votre permis de ceci ou de cela. Les gens qui ne votent pas, ne peuvent pas avoir de permis de conduire ou ne peuvent pas le renouveler. On le fait dans certains pays. Ou ceux qui utilisent le transport en commun paient plus cher. Comme dans notre société, à peu près tout le monde compte sur l’État pour des services, des autorisations ou des chèques quelconques, je suis convaincu que cela augmenterait la participation. 

Il y a aussi la possibilité de contraindre les gens à aller voter. Faire comme l’Australie qui pratique le vote obligatoire et l’inscription automatique sur les listes électorales pour tous ses citoyens de 18 ans et plus. Les résultats sont probants : 95 % des électeurs inscrits participent aux scrutins. Les électeurs fautifs doivent se justifier. Si le citoyen récalcitrant n’a pas de raisons valables (maladie, absence du pays, etc.)  il doit payer une amende qui équivaut à 20 dollars canadiens. S’il refuse de payer, il est trainé devant les tribunaux où il peut être condamné à 50$ d’amende plus des frais. Une obstination dans le refus de se soumettre à la loi électorale peut aboutir à une condamnation à des travaux communautaires, à la saisie de biens ou à quelques jours de prison. Soulignons, en passant, qu’en Australie, les fous n’ont pas le droit de vote contrairement à la situation scandaleuse au Québec où on installe des boites de scrutin dans les asiles psychiatriques pour permettre aux déments d’exercer leurs droits démocratiques!

Pour s’assurer que tous les élus ont l’appui de la majorité de leurs commettants, on devrait aussi adopter le vote uninominal à deux tours comme une bonne partie des pays démocratiques de la planète, dont la France. Notre système actuel à un seul tour rend pratiquement impossibles des majorités dès qu’il y a plus de deux candidats dans une circonscription, c’est-à-dire dans la plupart des cas. Ajouter un second tour, favorise également les coalitions et les ententes entre partis. Ce qui n’est pas une mauvaise chose. Loto-Québec pourrait même organiser un système de paris sur les résultats du second tour dans les circonscriptions où les reports de voix ne sont pas évidents, une façon d’intéresser les moins dégourdis aux élections. Je plaisante. À peine!

Et la représentation proportionnelle, le scrutin de liste? Ne serait-ce pas une façon de rendre nos élections plus démocratiques? Je ne le pense pas. Les élus doivent répondre à des électeurs dans des circonscriptions précises. Pas être imposés par des comités électoraux de partis. On se retrouve avec six, sept, dix partis à l’assemblée. C’est la recette pour paralyser l’action gouvernementale en multipliant les crises politiques. Veux-t-on vraiment s’inspirer de l’Italie?