La victime du «cannibale» de Miami se raconte

En mai dernier, Ronald Poppo a survécu à une expérience traumatisante. Il a été agressé sans raison apparente par Rudy Eugene, un homme qu’il ne connaissait pas. Pire que tout, cet homme a fait preuve d’une incroyable barbarie en lui dévorant une partie du visage, directement dans la rue. En peu de temps, Rudy Eugene est devenu le cannibale de Miami.

CBS a rencontré Ronald Poppo au centre Ryder Trauma, qui l’avait accueilli pour sa convalescence. Il s’y était remis «incroyablement bien» selon ses médecins. Malgré la perte de son nez et de l’œil droit, l’équipe soignante avait bon espoir qu’il recouvre une vue partielle. Ronald Poppo avait fait preuve d’un grand courage et d’une volonté sans faille, allant même chuchoter un "Go Heat" pour encourager l'équipe des Miami Heat dans la finale de la NBA qui l’opposait à Oklahoma City.



Une agression irrationnelle et ultra-violente


Malheureusement, Ronald Poppo est resté aveugle et défiguré à vie. Il parle de sa rencontre avec celui qui a «déchiré son visage en lambeaux» à CBS dans un reportage exclusif. «Au départ, il m’a semblé amical; pendant un court moment, j’ai même pensé que c’était un type bien», a déclaré le sans-abri qui a entamé la discussion avec Rudy Eugene en revenant de la plage. Les choses ont toutefois dérapé. «Apparemment, il n'avait pas passé un bon moment à la plage ce matin-là. Il s'est mis hors de lui et j'imagine qu'il a voulu se défouler sur moi». 

«Je n'ai rien fait ou dit qui aurait pu le mettre dans cet état», raconte Ronald Poppo. Encore aujourd'hui, il pense que Rudy était sous l’influence de drogues. «Il parlait de manière étrange. Il a dit que j'allais mourir et qu'il allait mourir aussi. Il avait dû prendre quelque chose. Il a dit qu'il était allé à la plage pour acheter de la drogue, mais qu'il n'avait pas pu le faire. Cela l'avait vraiment beaucoup énervé».

Des témoignages incohérents

Mais cette version comporte plusieurs incohérences. Tout d’abord, les rapports toxicologiques effectués par les experts de la police de Miami ne font pas état d’autres drogues que le cannabis, pas même la "drogue du zombie". Si cette drogue influe sur les perceptions et les capacités intellectuelles, elle ne rend pas sauvage ou fou. Et Rudy Eugene est décrit par sa petite ami comme «un homme pieu non violent, mis à part une dispute importante en 2004», relate le Huffington Post.

Ronald Poppo lui-même n’avait pas parût complètement sobre aux enquêteurs, à qui il avait déclaré qu’il «avait compris par télépathie que Rudy Eugene était un dealer de drogue».

Enfin, divers témoignages ne concordent pas avec ce que l’on peut voir sur les caméras de surveillance qui ont filmé toute la scène.

Des retrouvailles inespérées

Ronald Poppo raconte sur un tout autre registre que cet incident lui a tout de même été en parti bénéfique. Car malgré sa cécité et sa défiguration, le sans-abri a pu reprendre contact avec sa sœur qui le croyait mort depuis plusieurs années. Brillant au lycée, Poppo était tombé dans le vice de l’alcool et avait rejoint la rue du jour au lendemain.

La famille de Rudy Eugene pleure quant à elle la mort du jeune homme, abattu le jour de l’agression par la police de Miami. Aujourd’hui, ses proches se battent pour faire la lumière sur toute l’affaire et rétablir la vérité. Car s’ils ne contestent pas l’agression et la violence des faits, ses parents n’osent croirent que leur fils ait agit de manière consciente. «Tout le monde dit que c'était un zombie, mais je sais que ce n'est pas vrai. C'est mon fils et je le connais, déclare son père. Rudy n’était pas un saint, il a fait des erreurs mais ce n’était pas un délinquant ou quelqu’un de mauvais».