Le Québec connaît-il un nouvel exode?

Les Québécois quittent leur province pour aller s'établir ailleurs au pays à un rythme jamais vu depuis plus d'une décennie.

Selon les dernières données de Statistique Canada, qui se basent sur les neuf premiers mois de 2013, un total de 28 439 personnes ont quitté le Québec vers une autre province. C'est l'Ontario qui absorbe la majorité d'entre elles: les deux-tiers des Québécois s'installent dans la province voisine, le quart en Alberta et un sur dix choisit la Colombie Britannique.

Si on tient compte des arrivés venus d'ailleurs au Canada, le Québec a un déficit de 11 887 résidents durant la période d'octobre 2012 à octobre 2013. Le déficit était de 7 700 personnes pour l'année précédente, et de 4 394 en 2010-2011.

Le quotidien The Gazette s'est interrogé sur cet exode: est-ce l'arrivée du Parti Québécois au pouvoir, en septembre 2012, qui l'a provoqué? Il est trop tôt à l'heure actuelle pour affirmer que la situation politique a été un facteur contribuant, dit Jack Jedwab, vice-président exécutif de l'Institut canadien pour les identités et la migration, qui a colligé les données. «Je serais porté à croire que c'est davantage une question d'économie», a-t-il dit à The Gazette, même si le Québec n'était pas en récession l'an dernier.

Ces données sont aussi antérieures au dépôt de la Charte de la laïcité du Parti Québécois.

Cela dit, ces pertes sont un signal d'alarme, poursuit Jack Jedwab, et elles ont un impact négatif sur l'économie. Il estime aussi que si les chiffres du dernier trimestre confirment cette tendance à la hausse, «nous devrons alors penser que des considérations non-économiques entrent en ligne de compte».

La Charte de la laïcité froisse plusieurs membres des communautés culturelles, au Québec. Sitôt le projet annoncé, en septembre, un hôpital ontarien a publié une annonce qui capitalisait sur ce mécontentement pour recruter de nouvelles infirmières: «On ne regarde pas ce que vous avez sur votre tête, mais dans votre tête».

Le Lakeridge Health, à Bowmanville, aurait reçu plusieurs curriculum vitae en provenance du Québec, selon The Gazette, de médecins, d'infirmières et d'autres professionnels de la santé.

Mais Michel Leblanc, le président directeur général de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain, met en garde contre des conclusions trop hâtives entre ces chiffres en hausse et le climat politique au Québec.