Le pot, plus dangereux qu’on le croit pour les jeunes consommateurs occasionnels

Alors que la légalisation de la marijuana au Canada semble n'être plus qu'une question de temps, une nouvelle étude fait une sérieuse mise en garde: les jeunes consommateurs occasionnels de cette drogue risquent d'altérer certaines régions de leur cerveau, dont celles reliées à la motivation et aux émotions.

Plusieurs études ces dernières années ont aussi souligné les dangers de la consommation de la marijuana sur le cerveau des adolescents, notamment en affectant leurs capacités cognitives et leur concentration, mais la plupart concernait les utilisateurs réguliers, voire abusifs de la drogue. Or, les conclusions publiées par des chercheurs dans le Journal of Neuroscience concernent des utilisateurs occasionnels.

L'étude a été menée conjointement par la Northwestern University, le Massachusetts General Hospital et la Harvard Medical School. Elle démontre un lien direct entre le nombre de consommation et les anomalies au cerveau.

«Nous avons vu des changements dans certaines régions du cerveau chez des jeunes âgés entre 18 et 25 ans que vous ne voulez jamais voir», a dit l'un des co-auteurs de l'étude, le Dr Hans Neiter, professeur de psychiatrie à la Northwestern University.

L'étude a notamment identifié des changements dans des régions du cerveau qui sont la clé de la régulation des émotions et de la motivation, et ce, chez des consommateurs qui fument entre un et sept joints par semaine. Le volume, la forme et la densité de ces zones cervicales semblent avoir été altérés, mais on ignore si ces changements auront des conséquences à long terme ou s'ils pourront être «réparés» par une non-consommation, souligne le Dr Hans Neiter.

«Notre hypothèse de départ, dit-il, est que ces changements sont un élément précurseur de ce qui deviendra par la suite un manque de motivation chez la personne qui en souffre.»

L'étude a été en partie subventionnée par des organismes américains de contrôle des drogues. Elle est en lien avec les débats sur la légalisation de l'usage de marijuana. L'État du Colorado l'a récemment légalisé. Déjà, une vingtaine d'États permettent la consommation de la marijuana à des fins médicales. Elle est aussi permise au Canada depuis plusieurs années, et depuis le 1er avril, des fournisseurs agréés par Santé Canada peuvent en vendre directement aux consommateurs. On estime que 450 000 Canadiens pourraient en consommer pour des raisons médicales d'ici dix ans.

Plusieurs défenseurs de la légalisation de la marijuana allèguent que cette drogue est moins nocive que l'alcool.

Des recherches ont en effet découvert que la consommation d'alcool pouvait altérer le cerveau, souligne le Dr Beiter. Mais les changements physiologiques constatés au niveau du cerveau des consommateurs de marijuana diffèrent grandement de ce qu'on observe chez les consommateurs d'alcool.

À la lumière de ses recherches et de l'impact de la marijuana sur des cerveaux encore en développement, le Dr Hans Beiter se dit convaincu que sa consommation ne devrait être permise que chez les gens âgés de 30 ans et plus, atteints de maladies incurables.