Plus d'élèves dans les classes, un recul de 20 ans?

Plus d'élèves dans les classes, un recul de 20 ans?

Québec s’apprêterait à bouleverser le système de l’éducation. Dans le cadre des propositions patronales sectorielles présentées mardi aux syndicats d'enseignants, Québec a notamment annoncé vouloir réduire les dépenses en éducation en augmentant de 10% la tâche des enseignants, sans augmentation de salaire.

Mais aux yeux de plusieurs, la proposition la plus choquante est celle de vouloir augmenter le ratio d’élèves par classe tant au primaire qu’au secondaire. Les élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage seraient aussi intégrés dans les classes régulières.

Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, est tout simplement renversée: «On vient encore une fois s’attaquer aux élèves les plus vulnérables. Quand un élève a un problème de base, il doit être dépisté, et là on s’arrange pour que l’enseignant ait encore moins de temps pour le faire», se désole-t-elle. «Avant on devait respecter une moyenne de 26 élèves par classe. Maintenant on va pouvoir aller jusqu’à 29, et même au delà dans certains cas».

En 2010, le gouvernement libéral avait pourtant confirmé son intention de réduire les ratios, et certains niveaux maximums avaient été revus à la baisse. Cette seule mesure a couté quelque 179 millions de dollars en embauche de personnel enseignant. En Ontario, le ministère a également mis en place depuis quelques années des mesures pour réduire le ratio élèves/professeurs, particulièrement au primaire.

Pour Josée Scalabrini, les idées mises de l’avant aujourd’hui constituent un recul de plus de 20 ans pour le système Québécois.

Qu’en disent les études?

En point de presse, le ministre de l’éducation Yves Bolduc a mentionné:  «Il n'y a pas d'études qui ont démontré qu'il y avait plus de réussites en diminuant le ratio aux autres cycles». Il faisait ainsi référence à la fin du primaire et au secondaire.

Il y a quelques années, le Centre de recherche et d'intervention sur la réussite scolaire (CRIRES), basé à l'Université Laval, a compilé quelque 70 études sur la question de l’impact du ratio élève/enseignant sur la réussite scolaire. Résultat? Tout n’est pas tout noir ou blanc, effectivement. Ainsi, une majorité d’études en en viennent à la conclusion que baisser le nombre d'élèves par classe contribue à la réussite, particulièrement dans les milieux défavorisés et jusqu’en troisième année du primaire. Après cette année, les résultats sont moins concluants.

À cet effet, le ministre Bolduc a réitéré ne pas vouloir toucher au ratio des élèves pour les enfants en bas de la troisième année.

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