Des pays traînés en justice leur passé esclavagiste

Les pays colonisateurs européens d'autrefois sont devenus riches grâce à leur domination militaire et à l'esclavage, il n'y a pas vraiment de débat à ce sujet.

L'idée qu'ils devraient aujourd'hui payer une forme de réparation pour cette terrible exploitation traîne depuis des décennies, mais elle vient de prendre une forme concrète dans les Caraïbes.

Il n'est pas trop tôt, diront certains. Une telle action en justice est trop tardive pour être valable, affirmeront ceux qui s'y opposent.

Malgré tout, pas moins de 15 pays des Caraïbes poursuivent leurs ex-colonisateurs pour l'héritage que leur a laissé l'esclavage systématique du passé. Le recours en justice demande des réparations de la part des gouvernements de la Grande-Bretagne, de la France et des Pays-Bas.

Les leaders de Caricom, un consortium régional de pays des Caraïbes, ont adopté un plan en 10 points. Il cherche à obtenir des excuses officielles des trois pays visés, une annulation des dettes externes et une assistance pour leurs institutions éducatives et culturelles.

Caricom a engagé la firme britannique humanitaire Leigh Day pour mener le recours. Cette firme a récemment obtenu 21,5 millions $ en dédommagement, pour des Kenyans qui avaient été torturés sous la gouvernance coloniale des Britanniques lors des années 1950 et 1960.

Selon Leigh Day, la communauté caraïbéenne cherche des réparations financières pour le «traumatisme psychologique» persistant encore à ce jour laissé par les «génocides et l'esclavage» du passé.

Les 15 nations réclament également une assistance technologique importante. La participation des Caraïbes à l'industrialisation européenne lui avait été refusée, à l'époque coloniale, par son confinement au rôle de fournisseur de ressources premières, indique le recours.

Un représentant de la firme a dit à l'Associated Press que le plan proposé représente «une série de demandes justes envers des gouvernements dont les pays sont devenus riches aux dépens de régions chez qui la valeur humaine avait été soutirée».

Une rencontre est prévue prochainement à Londres... On verra, à ce moment-là, à quel point les demandes seront prises au sérieux par les trois pays européens visés par l’action en justice.

Source : Time

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