Une mosquée fichée par le FBI bénéficie d’un statut d’oeuvre de bienfaisance à Revenu Canada

Elle a beau être, depuis la fin des années 90, un «lieu d'intérêt» pour les policiers et services de renseignement tant canadiens, américains que français, la mosquée Assuna, de Montréal, a depuis 1999 un statut d'organisme de bienfaisance de Revenu Canada, avec tous les avantages qui en découlent.

C'est ce que révèle ce matin le journaliste Fabrice de Pierrebourg, dans La Presse.

Cette mosquée, selon des câbles diplomatiques rendus publics par WikiLeaks, figure sur une liste du Pentagone répertoriant neuf mosquées dans le monde où «des membres d'Al-Qaïda ont été recrutés, aidés ou formés».

Parmi eux, Ahmed Ressam, condamné à 37 ans de prison à Seattle en octobre 2012. Il projetait un attentat à l'aéroport de Los Angeles lors du passage à l'an 2000.

Revenu Canada est-il au courant de tous ces soupçons? Questionnée par La Presse, l'Agence réplique qu'il y a des «vérifications et des enquêtes qui sont faites pour s'assurer que les 85 000 organismes enregistrés suivent la Loi sur l'impôt».

«Obtenir ce statut n'est pas automatique, il y a des critères à respecter», a dit le porte-parole Philippe Brideau.

Selon La Presse, qui a épluché le site de Revenu Canada, les comptes d'Assuna montrent que 81% des 200 784 dollars de dons récoltés au cours du dernier exercice ont été dépensés à des fins autres que la bienfaisance (en particulier des salaires), ce qui est contraire aux règles qui stipulent que la majorité des dépenses doivent aller à ces activités de bienfaisance.

Selon deux ex-membres du SCRS, Michel Juneau-Katsuya et Ray Boisvert, Revenu Canada tarde à agir lorsqu'il est mis au courant de certaines allégations.

Le ministre Bernard Drainville n'a pas tardé à réagir: il juge «très préoccupantes» les informations dévoilées par La Presse. «C'est évident que Revenu Canada doit se poser de sérieuses questions sur le statut d'organisme de bienfaisance de cette mosquée-là, a-t-il déclaré ce matin. Lorsque l'on dit que c'est le FBI, le SCRS, il faut se poser de sérieuses questions et c'est inquiétant. L'intégrisme nous inquiète.»

Sur une échelle de radicalisme, la mosquée Assuna obtiendrait une note très élevée. Dans un texte qui apparaissait récemment sur son site internet (fermé depuis), on expliquait qu'il «incombe à la femme musulmane de rester dans son foyer et de n'en sortir qu'en cas de besoin pressant» et alors, dans ce cas, selon des conditions strictes.