Coderre en guerre contre les «bordels qui ne disent pas leur nom»

Ce sont des bordels nouveau genre, ils s'appellent «salons de massage» et sous ce vocable, obtenir un permis d'exploitation est un jeu d'enfants. Et c'est à cela que veut s'attaquer le nouveau maire de Montréal, Denis Coderre, qui a confié ses intentions à La Presse.

Il souhaite resserrer les règles d'attribution de permis et imposer des amendes suffisamment élevées pour décourager les contrevenants.

«La volonté politique est là, c'est clair», a confié M. Coderre à La Presse. «Toute lutte contre l'exploitation est une priorité. Quand on sait qu'il peut y avoir des enfants, des juvéniles là-dedans, on a un devoir d'agir pour s'assurer d'endiguer cela.»

Cette initiative du nouveau maire semble faire l'unanimité, tant chez les policiers que les assureurs, les intervenants auprès des jeunes et les «vrais» massothérapeutes, pour qui ces 260 salons de massage érotique à Montréal dénaturent leur profession. Car pour l'instant, «ces bordels qui ne disent pas leur nom», comme le dit la députée fédérale et criminologue Maria Mourani, sont considérés comme de simples établissements de «soins personnels» par les fonctionnaires municipaux. Ceux qui utilisent leurs services bénéficient donc des mêmes couvertures d'assurance.

Ce sont des endroits d'exploitation sexuelle, soulignent les observateurs, comme en fait foi le démantèlement d'un réseau criminel, le 23 octobre: quatre jeunes Roumaines ont été forcées de se prostituer pendant des années dans des salons de massage de la région de Montréal.

Les policiers savent aussi que des proxénètes forcent des mineures ou des jeunes filles vulnérables à travailler dans ces salons. Les intervenants en centres d'accueil dénoncent le phénomène depuis des années. «Évidemment, le Code criminel s'applique, mais il faut s'assurer que les policiers ont des outils supplémentaires pour imposer des amendes. Une fois que j'aurai nommé mon responsable de la sécurité publique, c'est un dossier que nous étudierons en ce sens», a expliqué le maire Coderre.

L'attribution de permis commerciaux est une responsabilité des arrondissements. Mais Denis Coderre espère conclure une entente-cadre qui permettrait de resserrer les règles sur l'ensemble du territoire montréalais.

Les critères d'attribution de permis pourraient ainsi devenir plus stricts, en exigeant par exemple que les commerces soient exploités par des massothérapeutes reconnus.