Charte des valeurs: les belles-mères du PQ sur la même longueur d’ondes

Après Jacques Parizeau hier, et Lucien Bouchard ce matin, c’est au tour de Bernard Landry d’émettre ce midi des doutes sur certains aspects de la Charte des valeurs.

Sur les ondes de Radio-Canada, l’ex-premier ministre, qui avait pourtant appuyé le projet lorsqu’il en a d’abord été question en août, dit qu’on doit revenir aux conclusions du rapport Bouchard-Taylor.

Ce rapport  n’interdisait pas le port des  signes «ostentatoires» pour tous les employés de la fonction publique, mais seulement ceux en état d’autorité. «Comme Bouchard, Parizeau et moi avons servi l’État québécois, cela nous donne un regard pénétrant sur la société», a-t-il dit.

Bernard Landry croit que les grands principes de la Charte sont bons, mais que le projet est «améliorable» et nécessite un «compromis». Et tout comme Jacques Parizeau, il souhaite qu’on parle de Charte de la laïcité, et non pas des valeurs. «On a une occasion unique de réunir les trois partis autour d’une Charte de la laïcité».

Lucien Bouchard aussi

Un autre ex-premier ministre, Lucien Bouchard, a dit sensiblement la même chose dans un quotidien ce matin: l’occasion est là de faire l’unanimité à l’Assemblée nationale sur de grands principes: «il y a une rare fenêtre politique qui s’ouvre, j’espère que le gouvernement saisira l’occasion».

Mais pour y arriver, il faut laisser tomber l’interdiction des signes religieux ostentatoires, sauf «pour ceux qui exercent des fonctions coercitives de l’État: juges, procureurs, gardiens de prisons, policiers».
«Certains vont trouver que ce n’est pas assez, mais personne ne va trouver que ça va trop loin.»

Lucien Bouchard a déclaré que ce qu’a écrit Jacques Parizeau hier, dans un quotidien, était le gros bon sens. «Ça nous ramène aux vraies valeurs de tolérance et d’ouverture de la société québécoise.»

Il croit par ailleurs que l’adoption de cette Charte ne peut se faire sans enlever le crucifix à l’Assemblée nationale. «On est mûrs pour ça. Même l’Assemblée des évêques est d’accord.» L’ex-premier ministre Jacques Parizeau disait souhaiter que ce fameux crucifix soit simplement déplacé ailleurs dans l’édifice de l’Assemblée nationale.

Lucien Bouchard est aussi d’accord avec un autre argument invoqué par Jacques Parizeau, soit le fait que la Charte envoie le message que seul le gouvernement fédéral est apte à protéger les minorités, ce qui éloigneraient définitivement ces dernières du mouvement souverainiste. «Il a raison, dit M. Bouchard. Toutes sortes de gens vont essayer d’en profiter.»

Et faire une élection sur cette Charte, «en tentant d’exploiter des motivations moins nobles, ça nous ferait tomber dans des zones où on ne veut pas aller».

Cette sortie en cascade de ces trois «belles-mères» péquistes est inusitée: il est très rare que les trois hommes partagent les mêmes points de vue politiques.

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