Publicité

À Sochi, oubliez ça, votre vie privée

Sochi se transforme en forteresse cyber-sécuritaire. À une quinzaine de jours de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver, des rapports font craindre pour la sécurité. Les autorités russes seraient à la recherche d'un kamikaze soupçonné d'avoir infiltré la ville.

Malgré ces craintes apparemment bien réels, des voix s'élèvent pour dire que les autorités vont trop loin. Certaines mesures de surveillance, sans précédent, dépasseraient ce qui est réellement nécessaire pour protéger d'éventuelles attaques, et semblent plutôt destinées à contrôler les communications des journalistes, des militants et même des athlètes.

En effet, les visiteurs devront démontrer que que tous leurs appareils de communication sont totalement transparents pour les services de sécurité russes, selon Andrei Soldatov, un journaliste d'enquête russe et rédacteur en chef de Agentura.ru, un site Web qui sert de chien de garde dans les dossiers de services de sécurité.

Le site Web du Département d'Etat américain a d'ailleurs émis un avis en ce sens pour les voyageurs à Sotchi:

«Les voyageurs doivent être conscients que la loi fédérale russe permet la surveillance, la conservation et l'analyse de toutes les données qui circulent dans les réseaux de communication russes, y compris la navigation Internet , les courriels, les appels téléphoniques et les transmissions par fax.»

En novembre, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a signé une résolution qui permet aux autorités de créer une base de données de tous les visiteurs à Sochi, selon le journaliste Andrei Soldatov.

Il estime que cette mesure va dissuader certains militants de venir manifester durant ces Jeux.

De leur côté, les grands réseaux canadiens et américains présents à Sochi (RC/CBC, NBC, CNN ou ESPN) n'ont pas voulu commenter ces mesures exceptionnelles.

La cyber-surveillance à Sochi est «la plus vaste jamais enregistrée dans un tel événement» a déclaré le politologue Colin Bennett, de l'Université de Victoria, auteur d'un ouvrage sur la surveillance olympique. Cela fait partie d'une tendance générale au renforcement des mesures de sécurité autour des Jeux olympiques. Mais dans ce cas, ce renforcement est aussi accentué par «l'intérêt personnel» de Vladimir Poutine, tant pour le succès des Jeux que pour la région du Caucase, qui n'est pas entièrement pacifiée.

Et puis, comme le note Colin Bennett, il y a un «héritage» à tout cela: ces mesures supposément d'exception ne sont jamais totalement abandonnées une fois tout le monde rentré chez eux.