USA: Encore un fou qui affirme son droit constitutionnel aux armes à feu

Des centaines d’Américains ordinaires sont tués ou blessés par des fous dans des fusillades. Les meurtres de masse dans les écoles, les églises, les centres commerciaux, les lieux de travail sont devenus tellement communs qu’ils sont relégués à la colonne des faits divers des quotidiens et aux brèves à la fin des journaux télévisés. La différence cette fois à Tucson est qu’une personnalité politique, la représentante démocrate Gabrielle Giffords et un juge étaient au nombre des victimes.

L'accusé Jared Lee Loughner manifestait depuis plusieurs années des signes évidents de schizophrénie. Mais il n’était pas traité. Il a été renvoyé du collège où il étudiait. Pour le reprendre, la direction de l’établissement exigeait un certificat médical affirmant qu’il ne constituait pas un danger pour les autres et pour lui-même.

Malgré cela, le tueur de masses de 22 ans n’a eu aucune difficulté à se procurer légalement à Tucson un pistolet Glock pour 500$. Il lui a suffi de remplir un formulaire où il a déclaré qu'il n'avait jamais été reconnu coupable d'un crime ou été déclaré « déficient mental ». En plus du Glock, Loughner a acquis quatre chargeurs, dont deux, à grande capacité de 30 balles qui ont accru sa capacité de tuer.

Comme l’a fait le Canada, à la suite de la tuerie de Polytechnique, le Congrès américain en avait interdit les chargeurs à grande capacité en 1994. Mais la National Rifle Association et d'autres groupes de cinglés des armes à feu ont convaincu Bush en 2004 de laisser expirer l'interdiction.

Barak Obama s’était formellement engagé au cours de sa campagne présidentielle de 2008 à la rétablir. Après son élection, pour des considérations purement électoralistes, il a renié ses engagements. Il faut le souligner la dangereuse folie des armes à feu n’est pas le seul fait des républicains et des membres du Tea Party, elle est partagée par une majorité des Américains et par la droite dite Blue Dog du parti démocrate dont fait partie  Gabrielle Giffords. Elle a sauvé son siège de justesse face à un candidat du Tea Party en apportant son soutien à la dérèglementation des armes à feu.

L’Arizona est l’un des États américains où la psychonévrose des armes à feu est la plus généralisée. La  gouverneure de l'État, Jan Brewer, une fanatique des armes à feu a récemment marrainé une loi autorisant le port d’arme dissimulée. Il y a deux ans, elle avait déjà paraphé une loi autorisant les armes à feu dans les bars et les restaurants qui vendent de l'alcool. Même les Texans ne sont pas idiots à ce point.

Les enragés des armes à feu américains n’ont pas à s’inquiéter. Malgré l’hécatombe provoquée par la libre circulation des armes à feu, malgré Virginia Tech et Columbine, malgré les deux  Kennedy, Malcolm X, Martin Luther King, George Wallace, Gerald Ford, Ronald Reagan et John Lennon, la National Rifle Association va abattre toute tentative de relancer débat sur le contrôle des armes à feu.

La droite néo-conservatrice et les républicains tentent de se laver les mains du drame en affirmant que les élucubrations sur internet de Loughner le placent plutôt à gauche. Ce fut un acte irrationnel par une personne ayant besoin de traitement et des médicaments. Mais soutenir que le flot constant de vitriol émanant de la droite n’a rien à voir avec ce carnage est ridicule.

Les malades mentaux réagissent aux discours dominants dans les médias populaires. Les divagations de Rush Limbaugh, de Glenn Beck, de Sarah Palin et les dérives de Fox news ont influencé l’esprit dérangé de Loughner.

Pendant le débat sur l’assurance santé en 2010, Sarah Palin, qui apparaît régulièrement à la télé un fusil à la main, a lancé l’appel suivant : « Conservateurs, vous qui êtes plein de bon sens et aimez l'Amérique, ne battez pas en retraite. Au contraire, RECHARGEZ ! »

L’appel était accompagné sur Facebook d’une carte sur laquelle figurait, entre autres, la circonscription de Giffords identifiée par un viseur de fusil.

Les républicains sont des hypocrites malfaisants qui attisent la haine et, après, s'excusent. La droite néoconservatrice est en partie imputable pour cette tragédie à cause de son amour fétichiste des armes à feu, son refus de l’assurance santé et ses propos incitant à la violence. Dans le pays le plus avancé de la planète, les malades mentaux ont plus facilement accès à des armes à feu qu’à des soins.