Moyen-Orient : vers une nouvelle guerre impliquant Israël?

Alors que l'assemblée générale de l'ONU s'apprête à accueillir la Palestine comme son 194e membre, malgré l'opposition de Jérusalem et de Washington, les conditions sont en train de se mettre en place pour une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Cette fois Israël aura comme principal adversaire un pays de l'OTAN, la Turquie qui était jusqu'à récemment son allié le plus sûr dans la région.

Encore une fois ce qui est en cause c'est le sentiment de supériorité des Israéliens et leur conviction qu'Israël peut agir au mépris de toutes les règles et de toutes les lois. L'année dernière un commando israélien a abordé un navire turc en haute mer, le Mavi Marmara, alors qu'il transportait des ravitaillements pour Gaza soumis à un blocus naval israélien. Lorsque des membres de l'équipage se sont opposés à l'abordage, les militaires israéliens ont ouvert le feu. Bilan, 9 morts chez les Turcs.

Israël refuse de présenter ses excuses à la Turquie et de reconnaître que la force utilisée par son commando était excessive. Les Turcs ne le prennent pas. Leur premier ministre Recep Tayyip Erdogan renvoie chez lui l'ambassadeur israélien et rompt les accords militaires entre les deux pays. Mais ce qui est plus grave, il avertit que le prochain convoi d'aide qui va tenter de forcer le blocus de Gaza va être escorté par des navires de guerre turcs.

Il va même plus loin. Il annonce que la Turquie a pris des mesures pour empêcher Israël d'exploiter de façon unilatérale les ressources naturelles de la Méditerranée orientale.
C'est que discrètement, sans que les grands médias occidentaux en parlent, Israël est en train de s'emparer des gisements de gaz au large des côtes du Liban, de Gaza et de Chypre où la Turquie est garante du gouvernement sécessionniste de la minorité turque.

On voit mal comment le Premier ministre Erdogan pourrait reculer après de pareilles déclarations sans perdre totalement la face devant son opinion publique et le reste du monde.

La semaine prochaine, le Premier ministre turc va prendre la parole devant la Ligue arabe au Caire. On s'attend à ce qu'il lance un appel aux pays arabes pour qu'ils se joignent à lui pour exiger la fin du blocus israélien de Gaza. Va-t-il pousser la provocation jusqu'à aller lui-même à Gaza narguer les Israéliens? On verra bien.

La Turquie a dix fois la population d'Israël, ses forces armées ont trois fois les effectifs de Tsahal. La marine turc déclasse celle d'Israël qui peut cependant compter sur une puissante aviation.

Israël dirigé par son gouvernement d'extrême droite auquel participent des racistes comme son ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman et des ministres religieux qui croient avoir Dieu de leur côté a peut-être cette fois surestimé sa capacité d'intimidation en ignorant les demandes d'excuses de la Turquie.

Une confrontation entre la Turquie et Israël en Méditerranée orientale risquerait de s'étendre rapidement au Liban et à Gaza, où le Hezbollah et le Hamas, pour appuyer les Turcs, procéderaient à des tirs de roquettes contre l'État juif. L'Égypte, la Jordanie et l'Arabie Saoudite pourraient difficilement rester les bras croisés et ne pas venir en aide à leurs coreligionnaires turcs. Des troubles éclateraient dans les territoires occupés où les Palestiniens sont déjà à organiser d'immenses manifestations populaires, genre « printemps arabe », pour marquer leur demande d'accession à l'ONU.

La Maison-Blanche obligée de choisir entre la Turquie, amie de longue date, et son allié juif, qui jouit d'un soutien massif au Congrès, éjecterait subito presto la Turquie. Le Canada de Harper soutiendrait à fond Israël contre son allié de l'OTAN.

Certains pensent que la Turquie bluffe pour contraindre Israël à offrir des excuses et des réparations pour l'assassinat de ses neufs citoyens? On va le savoir dans les semaines ou les mois à venir.