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Mitt Romney et Paul Ryan : la chevauchée fantastique vers le précipice

Le sujet politique brûlant du week-end, ailleurs qu’au Québec, était l'annonce par Mitt Romney de son choix comme colistier de Paul Ryan, qui représente depuis 14 ans le Wisconsin au Capitole. Il est peu connu. Un sondage indique que 43 pour cent des électeurs ne savent absolument pas qui c’est.

Même s’il provient d’un état du Midwest, Paul Ryan, âgé de 42 ans, est un idéologue d’extrême droite qui a passé une bonne partie de sa vie d’adulte dans des «think tanks» conservateurs de Washington financés par la ploutocratie américaine.

C’est un faucon fiscal, politiquement à la droite de Romney qui propose aussi un conservatisme social rigide. Il a tenté d’empêcher le financement fédéral de la planification familiale, il est opposé au mariage gay et se présente comme un défenseur enragé de la liberté absolue que devraient avoir les Américains de posséder et de porter des armes à feu. Il veut écraser les budgets de toutes les agences et départements du gouvernement fédéral sauf, bien sûr, celui du Pentagone.

Ryan veut, purement et simplement, abolir l’assurance santé telle qu’elle existe aux États-Unis. Il associe de plus ses coupes profondes dans le filet de sécurité sociale américain, déjà minimal, à des baisses importantes des impôts pour les riches.

Pourtant, aucun média américain ou québécois ne va le qualifier d’extrême droite. Ce qualificatif est spécifiquement réservé à Marine Le Pen, voyons donc, on ne peut qualifier un républicain d’extrême droite. Ce serait manquer de respect.

La page éditoriale du New York Times caractérise le choix de Ryan comme une transformation radicale de la campagne électorale républicaine. Le Wall Street Journal, l’organe de la ploutocratie, applaudit.

La droite américaine était tout aussi excitée en 2008 lorsque son candidat John McCain, devant la popularité d’Obama, avait choisi Sarah Palin comme colistière. Saluée par les analystes conservateurs comme celle qui allait donner la Maison-Blanche aux républicains, son impact sur le résultat des élections fut dérisoire notamment à cause de sa colossale stupidité et de son ignorance crasse.

Mitt Romney, un personnage «drabe» au message insipide, qui ne parvenait pas à générer d’enthousiasme même chez les républicains, a trouvé un colistier coloré capable de relancer sa campagne électorale alors que les sondages indiquent qu’Obama élargit son avance. Il a dû pourtant passer outre les mises en garde de plusieurs de ses collaborateurs pour choisir Ryan. C'est le pari audacieux de quelqu’un qui n’a plus rien à perdre.

Il prend de gros risques. Bien sûr, ce choix conforte la frange la plus idiote et réactionnaire de la droite américaine. Mais en proposant d’abolir le modeste État-providence américain, le «ticket» Romney-Ryan commet, à mon avis, une gigantesque bourde. Le GOP dépend de plus en plus du vote des blancs âgés et les cols bleus. Ils applaudissent les coupes dans les programmes gouvernementaux et dans les transferts de revenus pour assistés sociaux noirs et ethniques, mais ils ne veulent absolument pas qu’on touche aux programmes comme Medicaid et Medicare et qu’on réduise les dépenses de sécurité sociale qui profitent aux classes moyennes. Les retraités abondent dans l'état champ de bataille que constitue la Floride. Cela va être intéressant à suivre le soir des élections.

Le parti républicain des colistiers Romney-Ryan est un parti de sans-cœur qui favorise une redistribution des revenus des pauvres vers les riches au moment où, aux États-Unis, les riches et les ultrariches ne se sont jamais si bien portés.

En novembre, nous saurons si c'était un pari génial ou une erreur de calcul épique.
Personnellement je crois qu’en choisissant cet hurluberlu idéologique, Romney a choisi la défaite.