Lisée chante fleurette aux Anglais: le ridicule ne tue pas!

Quand quelqu’un m’a dit que le ministre chargé des relations avec les Anglos dans le cabinet Marois finançait une tournée à travers le Québec pour une chanson qui fait la promotion de la bonne entente, j’ai cru à un canular. J’ai demandé à mon interlocuteur si la chanson était interprétée par le chroniqueur haineux Don Macpherson entouré de l’équipe éditoriale de The Gazette.

Le gouvernement Marois va gaspiller vingt mille dollars à ce projet totalement idiot. J’ai hâte de voir la tournée. Les foules délirantes qui vont l’accueillir dans les villages et les cantons du Québec. Et pourquoi pas, l’été prochain, une fin de tournée en apothéose sur les Plaines d’Abraham alors que le conseil des ministres en entier à genoux chanterait fleurette aux Anglais et les implorerait d’aimer le PQ?

Ce n’est pas que le fondateur du parti, René Lévesque, un bon-ententiste dans l’âme, n’a pas tenté de séduire les Anglais. C’était un de ses rêves. Élu et réélu député libéral de Laurier, Lévesque a «frappé un nœud» lorsqu’il a tenté de se faire réélire en avril 1970 dans la même circonscription sous la bannière péquiste.

Les Anglos et les ethniques votent massivement contre lui. Têtu, refusant d’accepter la réalité de la division  ethnolinguistique, il se présente en 1973 dans la circonscription d’à côté. Dorion, où il sera de nouveau battu pour les mêmes raisons. Échaudé il ira alors se réfugier dans Taillon sur la Rive-Sud où les électeurs francophones l’enverront à l’Assemblée Nationale.

Les Anglais d’aujourd’hui sont tout aussi braqués contre le PQ et le Québec français qu’il y a 40 ans. Si quelque chose a changé, c’est qu’ils sont encore plus déterminés qu’à l’époque. Le mouvement partitionniste, ça vous dit quelque chose? Et aujourd’hui comme hier, les Anglo-ethniques du Québec ont leur propre parti qui a toujours vigoureusement défendu leurs intérêts: le parti libéral du Québec.

Mieux, la démographie et le vieillissement des francophones favorisent à long terme leur formation politique. Pensez qu’il s’en est fallu de peu, quelques  milliers de voix, pour que leur PLQ bien-aimé soit reporté au pouvoir malgré les odeurs de putréfaction qu’il dégageait depuis des années.

Quelle perte de temps et de crédibilité pour un parti qui, depuis qu’il est élu n’a annoncé aucune initiative qui démontrerait qu’il songe encore à réaliser l’article premier de son programme: l’indépendance nationale. Plutôt que faire la sérénade aux Anglais et se demander «Comment mettre la droite K.O.» Lisée devrait  s’activer à réaliser cet objectif.

Je comprends parfaitement que le PQ, minoritaire, est limité dans les mesures qu’il peut prendre. Mais il pourrait quand même faire des choses. Des exemples? Il pourrait demander à Daniel Turp et à une équipe d’élus ou de sympathisants de rédiger une constitution pour le Québec; abolir autant que faire se peut toute référence à la monarchie dans nos institutions politiques. Pourquoi ne pas renommer président du Québec, le lieutenant gouverneur? La vieille Assemblée législative est bien devenue l’Assemblée nationale. C’est sûr que cela ferait de la peine à nos amis anglais du Québec et du Canada.

On dirait que le gouvernement péquiste craint de braquer la majorité francophone en mettant trop l’accent sur ses objectifs politiques. Comme s’il avait lui-même conclu que les Québécois ne veulent pas vraiment d’Indépendance nationale et que la seule façon pour lui de se faire réélire est d’en parler le moins possible.

Au sujet de la chanson dédiée à la bonne entente, «Notre home»,  Lisée dit que c’était un symbole. Ça l’est en effet. C’est le symbole d’un gouvernement minoritaire impuissant qui multiplie les gaffes et disperse ses forces à réaliser des banalités insignifiantes.