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Les libéraux, les commandites et la justice «au plus meilleur pays du monde»

Dix ans après que la vérificatrice générale Sheila Fraser eut transmis le dossier des commandites à la GRC, notre police à cheval a finalement porté des accusations contre Jacques Corriveau.

En annonçant sa mise en accusation, le porte-parole de la GRC a affirmé que l’enquête sur Corriveau n’avait commencé qu’en 2006. Il aura donc fallu 3 ans pour que nos Dupont-Dupond en tuniques rouges sortent de leur torpeur et se mettent sur la piste de l’ami intime et confident de Jean Chrétien. Alors que tous les aspects du scandale ont été étalés en public et expliqués dans leurs moindres détails par la commission Gomery, il a fallu encore quatre autres années pour que nos fins limiers complètent leur enquête en 2010. Les procureurs aux poursuites criminelles prendront à leur tour près de 4 ans à se décider.

La léthargie de la police et de justice dans l’affaire des commandites est en soi un énorme scandale qui démontre que leur indépendance au Canada est une farce pathétique. Si vous être un ancien premier ministre, les probabilités que vous ayez à répondre de vos faiblesses et de vos bassesses devant les tribunaux sont presque inexistantes. 

Est-ce possible que Jacques Corriveau, l’ami intime de Chrétien ait été le personnage central, le chef d’orchestre du scandale des commandites et que son confident n’en ait jamais rien su? Est-ce possible qu’il ait toujours agi sans avoir l’assentiment du premier ministre?

La hiérarchie de la police fédérale est peuplée de libéraux et un nombre important, sinon une majorité de procureurs de la couronne ont été nommés là parce qu’ils étaient des hommes de main des libéraux fédéraux, comme une bonne partie des juges qui siègent dans nos tribunaux. Ce n’est pas moi qui le dis. C’est l’ancien responsable du Parti libéral fédéral au Québec, Benoît Corbeil, qui a confié à Radio-Canada que les avocats qui travaillent aux campagnes électorales libérales sont récompensés par des sièges à la magistrature. Pas surprenant que Corbeil ait été à peu près le seul membre du parti à avoir été condamné. On lui a fait payer sa trahison.

Selon la vérificatrice générale, 100 millions de dollars des fonds du programme des commandites sont allés à des agences de pub avec des liens étroits avec le PLC et le PLQ - c’est le même gang de lascars - souvent pour peu ou pas de travail. Alphonso Gagliano l’exécuteur des basses œuvres de Chrétien au Québec alors Ministre des Travaux publics, avait la responsabilité de distribuer les largesses aux amis du parti. Le gros Alphonso voulait être ambassadeur au Vatican. Le Pape n’en voulait absolument pas. Chrétien a nommé son larbin ambassadeur du Canada au Danemark. Je me demande ce que les Danois ont fait à Chrétien pour mériter ça ?

Le gouvernement fédéral a lancé, il y a plusieurs années une poursuite de 43,5 millions de dollars contre des entreprises pour les services qui n'ont pas été rendus, doublement payés, ou sans valeur. On n’en a jamais plus entendu parler. Je soupçonne que bien peu d’argent a été récupéré.

L’ancien ministre libéral provincial Marc-Yvan Côté a expliqué devant le juge Gomery qu’on lui a remis une mallette contenant 60 000 $ cash lors d’un événement électoral de Chrétien en 1997 pour remettre aux candidats libéraux de l’est du Québec à court d'argent. Ce n’était que la première tranche de fonds secrets de 120 000 $ qu'il a obtenu pour financer illégalement le parti libéral fédéral au Québec. Un prédécesseur de Corbeil à la tête du PLC au Québec, Daniel Dezainde a dit au juge Gomery que l’organisme de financement secret parallèle au Québec relevait directement d’Alphonso Gagliano.

Rassurez-vous. Jean-Chrétien, Alphonso Gagliano, Marc-Yvan Côté ne seront jamais poursuivis. La GRC complètera son enquête à leur sujet entre 2030 et 2035. Et la couronne décidera qu’il n’y a pas de motifs d’embêter de si grands Canadiens vers 2040.