Les bureaucraties du Québec donnent raison au Prof Parkinson

Vous avez vu l'article du Journal de Montréal? Depuis dix ans les effectifs du réseau scolaire québécois sont tombés d'un million d'élèves à 879 milles alors que les bureaucrates pour les administrer, eux, se sont accru de 5937 à 6 579.

Le journaliste qui a écrit le texte ne le savait sans doute pas, mais ces données confirment la véracité des « lois de Parkinson » sur l'évolution des bureaucraties. Le professeur Cyril Northcote Parkinson a publié en 1958 un livre ironique et satirique sur les administrations gouvernementales.

En étudiant l'évolution de la Marine britannique à travers les âges, il a découvert qu'alors que le nombre de navires de la flotte diminuait, le nombre de fonctionnaires de l'Amirauté chargé de la gérer s'accroissait. Parkinson prédit qu'un jour la Marine britannique aurait plus d'amiraux que de vaisseaux! *

Parkinson a ensuite étudié l'évolution sur 200 ans du Colonial Office pour arriver au même résultat. Moins la Grande-Bretagne avait de colonies, plus il fallait de bureaucrates pour les gouverner. Le Colonial Office a atteint son effectif le plus important, le jour de la disparition des dernières colonies. Personne n'a perdu son emploi. Tous ses bureaucrates ont alors été transférés au Foreign and Commonwealth Office.

Une autre de ses fameuses lois s'applique sans doute aussi à toutes les bureaucraties du Québec : les fonctionnaires d'une administration augmentent naturellement de 5 % à 7 % par année même s'il n'y a aucun accroissement du travail à accomplir. Il s'en suit la « loi des mille » qui dit que « tout organisme bureaucratique dont l'effectif atteint ou dépasse mille personnes, n'a besoin, pour se perpétuer, d'exercer nulle autre activité que de se gérer lui-même. »

Selon Parkinson, un fonctionnaire va naturellement être poussé à multiplier ses subalternes plutôt que ses concurrents. Parkinson affirme que les administrations ont tendance à se débarrasser de leurs éléments dynamiques pour les remplacer par des ronds-de-cuir léthargiques au nom de la tranquillité générale et de la stabilité de la caste dirigeante de l'organisation.

Au sujet de l'emploi du temps des bureaucrates, Parkinson observe que « tout travail tend à se dilater pour remplir tout le temps disponible ». Il note aussi que « plus on accorde de ressources (temps, argent, personnes, etc.) à une activité, plus l'activité va être gourmande en ressources pour finir par consommer toutes les ressources ».

On doit aussi à Parkinson un « coefficient d'inefficacité » qui dit que plus une commission, un comité gouvernemental vont avoir de membres, moins ils vont pouvoir prendre des décisions rapidement et efficacement. À cela s'ajoute le « coefficient de trivialité » qui veut que les instances gouvernementales aient tendance à accorder un temps et une importance exagérés à des questions insignifiantes, mais faciles à comprendre, comme des abris de vélos et à attribuer sans discussion des contrats complexes de centaines de millions de dollars qui dépassent l'entendement de leurs membres.

Les lois de Pakinson sont à l'origine de nombreuses autres études sur les bureaucraties. Le principe de Peter qui veut que tout fonctionnaire atteigne son haut niveau d'incompétence. La loi de Goldin qui infère que la généralisation de l'incompétence est directement proportionnelle à sa hauteur dans la hiérarchie. Cela entraine la loi de Vail prédit que dans chaque projet, le travail est sous-traité aux niveaux hiérarchiques inférieurs.

Et pour conclure, la savoureuse loi de Conway qui veut que dans
chaque administration, il y a toujours quelqu'un qui comprend ce qui se passe et
cette personne doit être licenciée afin d'assurer la pérennité de l'organisme.

---------------------------------------------------------
* J'ai découvert il y a une vingtaine d'années qu'il y avait plus de généraux dans l'armée canadienne (132) que de chars d'assaut (116). Les chiffres actuels sont sans doute du même ordre.