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Le mythe de Kennedy hante toujours l’Amérique

Il aurait pu poser pour la couverture d’un magazine de mode masculine haut de gamme. C’était un homme séduisant, riche et cultivé. Un intellectuel charismatique parfaitement préparé par son père pour occuper la fonction de président des États-Unis. L’homme le plus puissant de la planète comme aiment à le rappeler les Américains. Il avait une femme avec les mêmes qualités, mère exemplaire de ses deux enfants adorables.

Il a été abattu dans la force de l’âge par un looser pathétique et insignifiant. Lee Harvey Oswald n’aura rien réussi dans sa courte et minable vie, sauf de tirer deux balles chanceuses qui ont tué John F. Kennedy. Tous les éléments étaient réunis pour créer un mythe et faire éclore un jardin botanique de théories conspirationnistes.

De multiples commissions d’enquête officielles ont conclu qu’il n’y avait pas de conspirations. Mais le soupçon perdure. Une majorité d’Américains croient toujours qu’Oswald n’était qu’un exécutant d’un vaste complot, malgré les preuves accablantes du contraire qui s’amoncellent depuis 50 ans. Il y de quoi exciter les imaginations. L’assassinat et ses séquelles surprenantes ont été gravés à jamais sur des milliers de pellicules et de films et sont le sujet depuis de millions d’articles, de livres et de documentaires.  

Assurément, beaucoup de monde le vouait aux gémonies. La mafia d’abord. Celle de la Nouvelle-Orléans et, peut-être aussi, celle de Chicago. Cette dernière avait contribué à le faire élire. Kennedy partageait une maitresse, Judith Exner, avec Sam Giacana, son parrain. Ingrat, Kennedy laissait son frère Robert, Attorney general (ministre de la Justice) mener une guerre contre le crime organisé italien. Cela devait décevoir Frank Sinatra, proche de la mafia, qui approvisionnait le président en starlettes et vedettes. Les deux frères du président, Bob et Ted, partageaient à l’occasion certaines de ses «faiblesses».

D’ailleurs, Robert Kennedy est la dernière personne à qui Marilyn Monroe a téléphoné avant d’être retrouvée morte d’une overdose. Elle envisageait de rendre publique sa liaison avec le président qui l’avait largué comme une guenille souillée. Curieusement, cette mort étrange et bienvenue du clan Kennedy est celle de toute la saga qui soulève le moins la passion des adeptes des théories de la conspiration.

Derrière sa façade de mari attentionné et de bon père de famille, Kennedy était un être immoral, un prédateur sexuel qui avait un besoin obsessionnel de sa ration presque quotidienne de chair fraîche. Peu de femmes ont résisté à ses avances. Sofia Loren fut l’une des rares. Il pouvait heureusement compter sur la complicité empressée des médias de l’époque pour qui ses frasques étaient un tabou absolu.

Ce n’était le cas de tout le monde. Il a été forcé d’imposer un avion médiocre, le bombardier F-111, au Pentagone: la General Dynamics qui le produisait le faisait chanter avec des vidéos compromettantes.

Kennedy mettait sa carrière, son honneur, son mariage et la sécurité nationale de son pays en jeu pour des séances de jambes en l’air avec n’importe quelle femme qui passait à sa portée. (Bill Clinton a fait la même chose. Mais avec moins de succès.)

Ce président admiré était un être rusé et perfide. Sans foi ni loi. Kennedy était un chef d’État avec une éthique de chef de gang. Peut-être un atout pour prendre et exercer le pouvoir suprême de l’État. Il a donné l’ordre à la CIA de faire assassiner plusieurs chefs d’État étranger, dont Fidel Castro. Il envisageait dans son cas d’avoir recours à la mafia américaine qui contrôlait les casinos et les bordels de La Havane avant la révolution.

C’est Kennedy qui a engagé à fond les Américains au Viêt Nam avec les conséquences tragiques de l’ont sait. Mais c’est aussi lui qui évité à la planète une guerre nucléaire en négociant habilement avec les Russes le retrait de leurs missiles de Cuba. Il a résisté énergiquement à la volonté du Pentagone de bombarder les bases de lancement soviétiques de l’île et de l’envahir. Ce fut son moment de gloire.

Il demeure 50 ans après sa mort l’un des présidents les plus aimés et les plus respectés des États-Unis. L’opinion publique américaine lui voue encore une immense admiration. Son destin tragique hante toujours l’Amérique. À croire que la vérité ne peut rien contre le mythe.