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Le FBI offre 5 millions pour la tête de deux djihadistes «québécois»

Vous n’avez sans doute jamais entendu parler d’Abderraouf Jdey et de Faker Boussora. Ce sont deux Québécois d’origine tunisienne dont la tête est mise à prix (pour 5 millions de dollars) par le gouvernement des États-Unis dans son programme de lutte contre le terrorisme.

Les deux islamistes fanatiques sont arrivés à Montréal au début des années 90. Ils ont sans difficulté obtenu le statut de réfugié politique. Devenus citoyens canadiens, ils ont pu voyager facilement à travers le monde pour participer à diverses opérations djihadistes.

Selon le FBI, Abderraouf Jdey est impliqué dans la préparation de détournement d'avions et d'opérations terroristes. Comme son ami Faker Boussora, il fréquentait la mosquée Assunna de la rue Hutchison à Montréal. Il fait partie de ceux qui sont devenus canadiens en catastrophe juste avant le référendum de 1995, alors qu’Ottawa cherchait désespérément des votes en faveur du non. Il a vécu dans le quartier Rosemont de 1991 à 1999 lorsqu’il s’est rendu en Afghanistan pour s’entraîner dans un camp d’Oussama Ben Laden.

Les forces spéciales américaines ont découvert dans la maison de Mohammad Atef, le chef militaire d’Al Qaeda qu’elles venaient de tuer, une vidéo où Jdey s’engageait à mourir en martyr dans un attentat-suicide. D’après l’interrogatoire sous la torture de Khalid Sheikh Mohamed, l’homme qui a planifié l’opération du 11 septembre 2011, Jdey avait été choisi pour suivre un cours de pilotage afin de participer à l’attentat. Pour des raisons inexpliquées, il est plutôt revenu au Québec où il a été vu à Montréal pour la dernière fois à l’automne 2001.

Une théorie conspirationniste farfelue échafaudée autour de sa disparition prétend qu’il s’est suicidé en se faisant sauter avec des explosifs dissimulés dans ses souliers sur le vol 587 d’American Airlines alors qu’il venait de décoller de New York le 12 novembre 2001, tuant les 260 personnes à bord. Cette thèse est formellement démentie par la National Transportation Safety Board.

Jdey est considéré comme une menace particulièrement dangereuse par les services de sécurité américains parce qu’il aurait étudié la biologie à l’Université de Montréal. Cela lui donnerait les connaissances requises pour fabriquer des armes biologiques comme l’anthrax. Une lettre qu’il a rédigée parle plutôt d’études en géologie à l’UQÀM. En 2007, les États-Unis considéraient qu’il faisait toujours partie d’un petit groupe de terroristes qui ont juré de porter le djihad sur le territoire américain.

D’après les autorités américaines, Faker Boussora est un djihadiste qui a manifesté «son intention de devenir un martyr kamikaze». Il est lui aussi déterminé à commettre un attentat au Canada ou aux États-Unis. Boussora a immigré de Tunisie en France en 1988 avant de s’établir à Montréal en 1991. Il a obtenu la citoyenneté canadienne en 1999. Il a suivi un entrainement en Afghanistan en 2000 avant de revenir au Canada. Les services de sécurité pensent qu’il serait atteint d'une grave maladie de l'hypophyse.

Fateh Kamel est un autre djihadiste montréalais de haut niveau du quartier Rosemont qui n’a plus, lui, d’avis de recherche émis contre lui. Algérien de naissance, il s’est installé au Québec en 1987 après avoir combattu les soviétiques en Afghanistan. Marié à une Québécoise, il a aisément acquis la citoyenneté Canadienne. Le SCRS le place à la tête de la cellule dont faisait partie Ahmed Ressam, arrêté alors qu’il entrait aux États-Unis pour commettre un attentat contre l’aéroport de Los Angeles en décembre 1999.

Kamel était un des dirigeants du «Groupe de Roubaix» qui a commis plusieurs attentats en France à la fin des années 90. Arrêté en Jordanie en 1999 et extradé en France, il a été condamné à huit ans de prison pour participation à un complot terroriste. Libéré avant la fin de sa peine, il a été expulsé vers le Canada. Le gouvernement fédéral a refusé de lui délivrer un passeport en 2009 pour qu’il puisse voyager à l’étranger. Aux dernières nouvelles, il livrait des pizzas pour un resto de la rue Masson.

Le SCRS estime que plus de cinquante «Canadiens» se sont rendus à l’étranger pour participer au djihad, de l’Afghanistan au Mali en passant par la Somalie. Des chiffres qui sont sans doute bien en deçà de la réalité. Et l’on ne parle là que des terroristes motivés par l’Islam, à l’exclusion d’autres causes.