Le drone furtif RQ-170. Qui des Américains ou des Iraniens sont les menteurs?

Les Iraniens ont récupéré un drone de la CIA presque intact qui survolait leur territoire.
Les États-Unis étaient tellement préoccupés par les pertes d'avantages technologiques que cela impliquait que Pentagone et la CIA ont envisagé de récupérer le RQ-170 Sentinel ou de le détruire par un raid de commando ou une attaque aérienne ponctuelle en Iran. Les deux options ont finalement été écartées parce que trop risquées.

Les Américains poussent l'outrecuidance jusqu'à demander à l'Iran de leur remettre le drone-espion. Imaginez ce qui se serait passé si les États-Unis avaient capturé un drone furtif iranien alors qu'il survolait des installations nucléaires américaines. Dans les heures suivantes, des attaques aériennes auraient été lancées contre l'Iran.

Washington est convaincu que c'est une panne qui a causé la perte du RQ-170 et non une cyberattaque comme l'affirme Téhéran, estimant qu'une telle prouesse est hors de portée des Iraniens. D'ailleurs, les Américains sont tellement sûrs d'eux-mêmes que le secrétaire à la défense, Léon Panetta, a annoncé qu'ils avaient l'intention de poursuivre leurs activités d'espionnage au dessus de l'Iran en utilisant les mêmes drones.

Les Américains devraient se méfier et ne pas sous-estimer leurs adversaires comme ils le font trop souvent. Ainsi, il est envisageable que les Iraniens n'aient pas agi seuls. Il y a même des indications qu'ils ont obtenu l'aide des Russes qui, comme les Chinois, sont avides d'acquérir des technologies américaines de pointe.

Quels sont les secrets que les Russes et les Iraniens vont apprendre du RQ-170? Comment il échappe aux radars et la façon dont il intercepte les signaux adverses. Pour le découvrir, ils vont examiner sa panoplie de capteurs électro-magnétiques et électro-optiques, ses paraboliques de communication satellite (les deux bosses sur le dessus de l'aile) et son radar.

Il y a six semaines, la Russie a livré à l'Iran le système de guerre électronique Avtobaza. Il n'est pas soumis à l'embargo qui frappe Téhéran parce que c'est un système de défense passif qui brouille les radars de contrôle de tir des avions et dérègle le guidage de missiles ennemis. Visiblement des experts américains qui ont autorisé l'exportation n'ont pas compris comment le Avtobaza pouvait être utilisé pour s'emparer d'un drone. Il a donné aux techniciens iraniens (et à leurs conseillers russes) la possibilité de s'introduire dans le lien de communication satellite qui permet au RQ-170 d'être contrôlé à distance.

Mais les Iraniens ont dû surmonter d'autres défis technologiques importants pour détourner le drone. Ils ont dû neutraliser ses dispositifs d'auto-destruction et de retour automatique à la base de départ. Une tâche quasi impossible puisque les logiciels de contrôle sont fortement cryptés.

À moins que…

Les Russes, les Chinois, les Israéliens et, peut-être les Iraniens eux-mêmes, possèdent des réseaux d'espionnage scientifique et technique étendus aux États-Unis où il est relativement facile d'acheter des secrets à condition d'y mettre le prix ou d'avoir des agents qui agissent par conviction.

Deux exemples parmi d'autres. Le réseau de John Walker a fonctionné pendant 17 ans (1968-1985) sans que le FBI le découvre. Il a donné a Moscou tous les codes secrets de la marine américaine qui a dû dépenser des milliards de dollars pour re-sécuriser ses moyens de communication. Jonathan Pollard de son côté, a transmis des dizaines de milliers de documents secrets américains à Israël.

Si les Iraniens, par espionnage ou autrement, possèdent les capacités de cyberguerre qu'ils prétendent avoir, on le saura bientôt. S'ils réussissent à s'emparer des prochains RQ-170 qui survoleront leur territoire, ils démontreront qu'ils disent vrai. De leur côté, les Américains subiront l'humiliation sans précédent de perdre deux drones prétendument furtifs et invulnérables dans les mêmes conditions.

S'ils ne parviennent pas à refaire le coup, les Iraniens, Ahmadinéjad en tête, seront considérés comme des menteurs par la planète entière.