Le club de hockey Canadien est anglophone depuis 70 ans. Réveillez-vous que diable!

Bon, je ne connais rien aux sports en général et au hockey en particulier. Quelqu'un pourrait-il m'expliquer tout le raffut autour de la nomination d'un unilingue anglophone au poste d'entraineur-chef des Canadiens de Montréal? J'entends partout dire que c'est terrible parce que le Canadien est une institution nationale du Québec. À quel titre? Quand pour la dernière fois, l'équipe a-t-elle été majoritairement francophone tant au niveau des joueurs qu'à celui des propriétaires? Ça doit faire 70 ans. Au moins.

L'histoire du Canada, ça, je connais un peu. Dès son origine le Canadien est créé par des anglophones qui voient l'intérêt d'avoir une équipe constituée de joueurs francophones pour intéresser les Québécois au nouveau sport. Ce sont donc des businessmen Anglos qui associent ethniquement l'équipe aux « pea soups » pour faire du fric en exploitant le sentiment national d'infériorité des Québécois. Parallèlement, on a créé les Maroons, une équipe anglo pour transporter sur la patinoire les antagonismes qui opposent depuis toujours les Anglos et les Francos de Montréal (Troubles de 1837-38. Troubles de 1849, etc. ) Battus militairement, écrasés politiquement et économiquement, les « Habitants » pouvaient espérer prendre sur la glace leur revanche. Donc, dès sa création, le Canadiens était une tromperie que les « canayen-français » ont gobée et transformée en fantasme national.

Pourquoi monter dans les rideaux au sujet du choix de l'unilingue Randy Cunneyworth pour succéder à Jacques Martin? Saku Koivu a été le capitaine de l'équipe pendant 10 ans sans apprendre le moindre mot de français. On a pourtant presque fait de lui un héros national. Ce mépris manifeste de ses admirateurs n'a jamais modéré leur enthousiasme. Parmi ses joueurs actuels, seuls, quatre sont francophones. Ils ne se sont jamais plaints que l'équipe fonctionne surtout en anglais.

Le fait d'être la seule équipe montréalaise et la seule québécoise dans la Ligue nationale de hockey (tant que les Nordiques de Québec ne seront pas de retour) est vraiment tout ce qui relie l'équipe au Québec. À part cela c'est une entreprise commerciale anglo-canadienne qui garde pour des raisons d'image de marque et marketing son nom officiel en français, « Le Club de hockey Canadien ». Alors qu'ils en étaient propriétaires dans les années 70, les frères Bronfman, avaient menacé de déplacer l'équipe si jamais les Québécois optaient pour l'indépendance.

L'amour immodéré, des Québécois pour les Canadiens ne s'explique pas par le nombre de coupes Stanley remporté par l'équipe depuis 20 ans. La seule explication au culte mystico-religieux qu'on voue à la Sainte-Flanelle s'appelle Maurice Richard, le plus grand et le plus célèbre héros du Québec. Je ne comprends pas qu'on n'ait pas encore réussi à le faire béatifier comme le frère André.

En déficit de héros, le Canada anglais le revendique maintenant aussi, mais durant sa carrière Maurice Richard était ridiculisé par les commentateurs sportifs anglo-canadiens comme un batailleur ignare. On rageait dans le ROC de le voir dominer le sport national.

Le Rocket était sous-payé et exploité parce qu'il était canadien-français. Tout à changé maintenant croyez-vous? Voyons donc. Des études statistiques récentes indiquent que les joueurs francophones de la ligue nationale subissent encore, une discrimination salariale sauf lorsqu'ils jouent pour des équipes québécoises*. Pas surprenant. Don Cherry est un héros au Canada anglais.

Le même peuple qui a élu des unilingues anglais pour le représenter au Parlement fédéral dans des circonscriptions unilingues francophones s'offusque maintenant parce qu'un Anglo est l'entraîneur-chef d'une équipe constituée très majoritairement de joueurs Anglos/ Allos et qui appartient à des Anglos.

* Neil Longley, « Salary Discrimination in the National Hockey League : The Effects of Team Location », Canadian Public Policy — Analyse de Politiques, vol 21 (4), p. 413
Marc Lavoie, Désavantage numérique. Les francophones dans la LNH, Hull, Éditions Vents d'Ouest, 1998, p. 79

Neil Longley, « Salary Discrimination in the National Hockey League : The Effects of Team Location », Canadian Public Policy — Analyse de Politiques, vol 21 (4), p. 413

Marc Lavoie, Désavantage numérique. Les francophones dans la LNH, Hull, Éditions Vents d'Ouest, 1998, p. 79