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La Russie de Poutine et le donneur de leçons Obama


Invité à une émission de fin de soirée, Barak Obama a émis l’avis que la Russie retombe par moment dans la mentalité de la guerre froide. Le président américain évoquait manifestement la décision russe d’accorder l’asile politique à Edward Snowden, celui qui a révélé comment la planète entière était soumise à l’espionnage électronique des États-Unis. Washington, pour manifester sa mauvaise humeur, vient d’annuler la rencontre au sommet prévue à Moscou en septembre entre Obama et Poutine.

La décision du président a été bien reçue par l’opinion publique américaine et les médias du pays en général. Comme d’habitude, les Américains se permettent de critiquer le comportement des autres même s’ils sont souvent les premiers à s’adonner aux pratiques qu’ils dénoncent.

Ils ont ainsi donné refuge au terroriste vénézuélien d'origine cubaine, Luis Poseda Carriles, lié à la CIA. Posada a été condamné par contumace au Panama pour son implication dans diverses actions terroristes dont un attentat contre un avion cubain qui a tué soixante-treize personnes. Les Américains refusent de l’extrader.

La mentalité de la guerre froide, il faut bien le dire, est toujours bien présente non seulement dans les milieux conservateurs américains mais aussi au département d’état sous les administrations démocrates de Clinton et d’Obama. En fait, elle explique l’attitude américaine vis-à vis Moscou depuis l’effondrement de l’Union soviétique.

Les ouvertures des Russes ont toujours été accueillies par des rebuffades ou des manœuvres pour réduire leur influence en Europe de l’Est et en Asie centrale.  L’OTAN,  symbole iconique de la guerre froide, ne s’est pas dissoute après la chute du Mur de Berlin. Au contraire, elle s’est empressée de s’étendre jusqu’aux frontières de la Russie recrutant des anciens membres du Pacte de Varsovie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et la Pologne ainsi que trois anciennes républiques soviétiques,  la Lituanie, la  Lettonie et l’Estonie.

Pourtant, lorsque la Russie de Poutine a manifesté l’intention de devenir membre de l’OTAN, Washington n’a même pas voulu en discuter. George W. Bush a même proposé de placer l’Ukraine et la Géorgie sous la protection de l’OTAN. L’objection des Européens l’a empêché d’agir évitant ainsi que le conflit entre la Géorgie et la Russie ne deviennent une guerre entre elle et le pacte Atlantique.
 
Les États-Unis voulaient aussi installer un système anti-missile en Pologne et en République tchèque prétendument pour protéger l’Europe d’une attaque de missiles iraniens. C’était, bien sûr, qu’une justification ridicule. Lorsque Poutine a proposé d’accueillir ce système sur son territoire, les États-Unis ont carrément refusé.

Et après Washington accuse les Russes d’avoir une mentalité de guerre froide! Les Américains n’ont jamais toléré et ne toléreraient jamais des manigances semblables des Russes dans leur sphère d’influence. La présence soviétique à Cuba a failli provoquer une confrontation nucléaire entre les deux pays.

Les Américains reprochent aussi à la Russie de soutenir le régime sanguinaire de Bachar al-Assad en Syrie. Mais ne sont-ils pas eux-mêmes alliés à Al-Qaeda pour renverser Assad? Et combien de régime corrompus et dictatoriaux soutiennent-ils au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie centrale?  

Plutôt que de snober Poutine, Barak Obama devrait le remercier publiquement pour son appui à l’intervention de l’OTAN en Afghanistan. Une bonne partie du pétrole utilisé par les Américains et leurs alliés dans ce pays vient de la Russie qui met aussi son réseau ferroviaire à leur disposition pour leur ravitaillement en vivres et en matériel non militaire.

Depuis la fin de l’URSS, les États-Unis se considèrent comme les maîtres incontesté du monde. Leur stratégie est de maintenir leur position dominante le plus longtemps possible. Affaiblir la Russie, la seule puissance nucléaire comparable, est une composante significative de cette stratégie.