La petite bourgeoisie d’ici, l’une des plus fainéantes de la planète

Dix mille étudiants de l'Université du Québec à Montréal ont débrayé pour une période illimitée afin de protester contre la hausse des frais de scolarité. Issus pour une bonne partie de la petite bourgeoisie, ils fréquentent surtout les facultés des arts, des sciences humaines et de science politique. Les «travailleurs de l’esprit» de l’UQAM ont toujours été à l’avant-garde du prolétariat intellectuel du Québec. Rassurez-vous, la cessation des activités de ces trois facultés, même pour une période prolongée, ne mettra pas en péril l’avenir culturel du Québec et de l’humanité. Ces indigents cérébraux ne vont nuire qu’à eux-mêmes.

Ils sont à la fois rigolos et pitoyables ces petits bourgeois qui se travestissent en révolutionnaires. Imaginez, ils ont même trouvé un mot emblématique de la logomachie marxiste derrière lequel ils vont se pavaner dans les rues du Québec: CLASSE pour Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante. Woah, il fallait y penser! Travailleurs de l’esprit que je vous disais!

Mener la lutte des classes, c’est s’en prendre à eux. Ils veulent que l’État continue à subventionner outrageusement leur classe sociale au détriment des pauvres, des vieux et des autres laissés pour compte de notre société.

Même une grève générale illimitée dans les universités et collèges du Québec ne fera pas broncher le gouvernement. Avec raison. Pourquoi ces enfants de la classe privilégiée ne contribueraient-ils pas plus largement à s’assurer un avenir qui va être meilleur que celui des Québécois qui n’ont pas une éducation universitaire?

La petite bourgeoisie québécoise grâce aux syndicats de cadres, de professionnels et d’enseignants a réussi à prendre le contrôle de la fonction publique et veut continuer à la gérer dans son intérêt de classe. En tant que nation minoritaire en Amérique, nous avons besoin d’un État fort, mais qui est géré dans l’intérêt national. Pas dans l’intérêt des syndicats du secteur public.  

La petite bourgeoisie bureaucratisée québécoise est une classe particulièrement avide, et âpre dans la défense de ses intérêts. Ses rejetons ont les frais de scolarité les plus bas au Canada et veulent protéger ce privilège. Contrairement à ce qu’ils affirment, il n’y a pas de liens de causalité entre la fréquentation universitaire et les frais de scolarité. Le taux de fréquentation des universités ailleurs au Canada est comparable à celui du Québec même si les études universitaires y sont beaucoup plus chères.

Il faut moduler les frais de scolarité en fonction des savoirs que l’étudiant recherche. Il me paraît évident qu’on devrait demander plus d’un étudiant en médecine ou en génie qu’à celui qui étudie en arts à l’UQÀM. On pourrait abaisser les frais pour les domaines comme la philo ou la littérature. Il faut assurer l’accession au savoir de tous ceux qui sont brillants et entreprenants tout en pénalisant les étudiants éternels sans ambition. Qu’ils se rendent socialement utiles en vendant des autos usagées ou en conduisant des souffleuses à neige.

Plus qu’ailleurs, nos petits bourgeois tètent les mamelles de l’État. C’est devenu pour eux une accoutumance addictive. Impossible de les sevrer. Année après année, les sondages de la Fondation de l'entrepreneurship indiquent qu'il y a moins de volonté de se lancer en affaires au Québec qu'ailleurs au Canada. Ici, les jeunes rêvent de passer leur vie dans la chaleur oisive d’un bureau de fonctionnaire en attendant la retraite, si possible bien avant 65 ans. On a une peur viscérale du risque. Normal pour des losers. L'ambition n’est une qualité que pour moins de 20% des Québécois contre 30% ailleurs au Canada. Réussir financièrement est perçu négativement par 40% des répondants au Québec (28% dans le ROC). Si on ne retenait les réponses que des Québécois de souche, les résultats seraient encore plus affligeants.

Chez les enfants de la petite bourgeoisie on aspire surtout, comme l’a dit Yvon Deschamps, à «une job steady pis un bon boss». Et le meilleur de tous, c’est le gouvernement du Québec.

Voilà l’image grotesque de notre petite bourgeoisie fonctionnarisée à l’os et fière de l’être. Voilà les extraordinaires ambitions des «révolutionnaires étudiants» qui vont marcher durant les prochaines semaines sous la bannière CLASSE en scandant des slogans défraichis.

L’État peut favoriser la croissance, mais il ne peut pas la créer, c’est la PME qui génère le développement économique. Ce n’est pas dans ce troupeau de brebis et de chèvres bêlantes qu’on va trouver nos entrepreneurs de demain. Heureusement que nous avons une petite classe supérieure extrêmement dynamique et que nos pauvres, souvent immigrants, triment dur pour améliorer leur condition.

La hausse des frais de scolarité n’est pas une solution miracle au problème du financement des universités. C’est une mesure nécessaire de justice sociale. Le gel des frais de scolarité est un cadeau onéreux des contribuables à la petite bourgeoisie québécoise, une des plus fainéantes et peureuses de la planète. Et qui en plus, a le culot de se prétendre de gauche.