La droite US veut ajouter le Pakistan à l’«axe du mal» : Tous aux abris!

Un membre en règle de l'extrême droite belliciste des États-Unis, David Frum, suggère dans sa chronique sur le site de CNN que les États-Unis cessent de faire la guerre en Afghanistan pour s'en prendre plutôt au Pakistan à l'origine, selon lui, du mal terroriste. Frum est un Canadien qui est parvenu à se faire accepter dans le cénacle des « penseurs » néo-conservateurs américains. Il collabore aussi au quotidien likoudnik de Toronto, National Post, où, lorsque l'occasion se présente, il se joint à la charge contre à la l'affirmation nationale du Québec.

En tant que rédacteur de discours de l'ignare George W. Bush, c'est lui qui a inventé l'expression absurde d'« axe du mal » pour réunir l'Iraq, l'Iran et la Corée du Nord. Absurde, par ce que l'Irak de Saddam et l'Iran des Ayatollahs étaient des ennemis mortels. Mais la vérité et la réalité n'ont souvent rien à voir avec les élucubrations de Frum, un partisan inconditionnel de la domination américaine de la planète comme façon d'assurer la sécurité et la pérennité d'Israël.

Frum se demande donc sur CNN si l'exécution de ben Laden par des commandos américains ne rend pas l'intervention américaine en Afghanistan obsolète. L'homme, qui a été l'un de ceux qui ont poussé Bush dans les guerres où il s'est enlisé, reproche maintenant au président Obama d'avoir aggravé le problème en augmentant les effectifs américains dans le pays!

Il déplore que les États-Unis ne puissent prendre des mesures énergiques contre le Pakistan parce que pratiquement tout le ravitaillement des armées américaines en Afghanistan arrive par convois à travers ce pays. Frum affirme que la guerre d'Afghanistan est ingagnable du fait que le Pakistan soutient en sous-main les taliban, qu'il les finance, les approvisionne et donne sanctuaire à leurs chefs de son côté de la frontière. Il se trompe.

La guerre en Afghanistan est ingagnable parce que les talibans sont les fils du pays qui luttent contre des armées étrangères qui imposent à Kaboul un gouvernement fantoche.

Frum pose des questions insidieuses du genre à inciter à une intervention militaire au Pakistan. Il se demande si les généraux qui ont protégé ben Laden sont pas les même qui contrôlent de la force nucléaire du Pakistan? Pourquoi la doctrine formulée par l'administration de George W. Bush et entérinée par Obama, « Ceux qui abritent des terroristes seront traités comme des terroristes eux-mêmes », ne s'applique-t-elle pas au Pakistan? Il escamote le fait que le Pakistan a capturé plus de terroristes d'Al-Qaeda que les Américains et leurs alliés réunis.

Le porte-voix de l'extrême droite américaine devrait savoir que la situation catastrophique des finances publiques des États-Unis leur enlève une grande partie de leur liberté d'action géostratégique. Ce n'est vraiment pas le moment pour les États-Unis de s'engager dans une nouvelle guerre dans un pays, de 175 millions d'habitants, qui possède l'arme nucléaire.

Faire du Pakistan un ennemi ou même simplement le traiter de façon antipathique serait une erreur monumentale pour Washington. Islamabad se rapprocherait de Pékin dont il est l'allié depuis des décennies contre l'Inde. Toute interruption de l'aide américaine au Pakistan serait rapidement remplacée par des subsides chinois. Les Chinois, contrairement aux Américains, ont les moyens financiers de mener une politique étrangère de grande puissance.

Les États-Unis n'ont plus de tels moyens, en grande partie à cause des guerres déclenchées à l'instigation des néo-conservateurs comme Frum et des politiques financières toxiques défendues par les mêmes idéologues aux profits de leurs amis de Wall Street.