La charte des valeurs québécoises, une cause rassembleuse?



Les Québécois sont satisfaits de la façon que Pauline Marois et son gouvernement ont agi dans la tragédie du Lac-Mégantic. Mais pas assez pour empêcher le gang à Couillard de prendre le pouvoir si des élections avaient lieu à l’automne.

Selon un sondage CROP, l’opinion publique s’est mise à bouger très légèrement, en direction du PQ. Il indique également un léger regain de l’appui à la souveraine à 40 %. C’est un bon signe, mais rien pour pavoiser.

Le parti de la mafia, alias PLQ, obtient l’appui de 40 % (+ 2 %) de l’électorat, le Parti québécois 29 % (+ 4 %) et la CAQ 20 % (- 2 %). Encourageant aussi pour le PQ, la capacité de nuisance des deux autres partis indépendantistes s’est effritée en sa faveur : Québec Solidaire passe de 11 % à 7 % et Option nationale passe de 4 % à 2 %.

La cote de Pauline Marois comme meilleur premier ministre grimpe de 11 % à 19 %. Mais elle ne rejoint pas encore celle de l’ami du fugitif Arthur Porter, Philippe Couillard inchangé à 26 %.

Chez la majorité francophone, le parti des Anglais et des ethniques ne recueille que 28 % des intentions de vote contre 35 % pour le PQ. Et je n’exagère pas en utilisant ce qualificatif pour le PLQ. Les libéraux obtiennent le score incroyable de 93 % chez les non-francophones. Jean-François Lisée va-t-il enfin comprendre que cela ne sert à rien de chanter Fleurette aux Anglais? J’en doute.

Oui, je sais, c’est une de mes rengaines, mais c’est la dernière occasion qu’a le PQ de réaliser l’indépendance. S’il perd la prochaine élection, ses chances de reprendre le pouvoir sont pratiquement nulles. La démographie et le vieillissement des francophones favorisent à long terme les libéraux. Il s’en est fallu de peu pour qu’ils gagnent les dernières élections générales malgré les odeurs de pourriture qu’ils dégageaient depuis des années et les peurs provoquées par le printemps érable.

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Les audiences de la Commission Charbonneau durant la prochaine année vont quand même être favorables au gouvernement péquiste en rappelant à l’opinion publique la concussion et la corruption qui caractérisaient le gouvernement Charest.

Ce qui me déçoit, c’est que le PQ ne pose aucun geste, ne prend aucune initiative en faveur de l’indépendance. Songe-t-il encore vraiment à la réaliser?  

Il pourrait, par exemple, créer une commission sur le référendum volé de 1995. Les documents et les témoignages secrets dans les archives du Directeur général des Élections sur l’enquête à huis-clos du juge Bernard Grenier sur les activités d’Option-Canada pourraient être rendus publics et servir de bases à une telle commission.  

Le gouvernement pourrait aussi, comme je l’ai déjà suggéré dans cette chronique, proposer une constitution pour le Québec indépendant; abolir toute référence à la monarchie dans nos institutions politiques; renommer président du Québec, le lieutenant-gouverneur. Ne serait-ce que pour mettre nos amis anglais du Québec et du Canada de mauvaise humeur. Où est la stratégie de rupture?

Au lieu de tenter de mobiliser les Québécois sur des questions reliées à ses objectifs politiques fondamentaux, le gouvernement Marois s’emmêle les pinceaux, dans des chicanes à ne plus finir avec sa Charte des valeurs québécoises. Je doute fortement que la lutte contre le port de symboles religieux dans les institutions publiques soit une grande cause rassembleuse. Sur cette question, l’inénarrable Charles Taylor le compare à celui de Poutine en Russie!

Faire la lumière sur la façon dont le fédéral a volé le dernier référendum devrait être d’un grand intérêt pour le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville. Il préfère forcer des jeunes musulmanes à enlever le foulard de leur tête dans des garderies subventionnées.

Le seul effet politique positif que pourrait avoir un affrontement au sujet de cette Charte des valeurs québécoises est qu’elle soit éventuellement rejetée par la Cour Suprême. Mais le PQ, entretemps, serait retourné dans l’opposition pour de bon empêchant Pauline Marois d’avoir recours à la clause dérogatoire de la constitution.