L'écrivain anglophone Yann Martel, un Elvis Gratton infatué?

Je trouve particulièrement agaçante la manie de l’écrivain canadien-anglais gagnant du prestigieux Man Booker Prize, Yann Martel, de se faire passer pour un Canadien français. Ses parents, des diplomates canadiens ont, par choix, décidé d’en faire un parfait petit Canadian en le confiant à des institutions d’enseignement ontariennes dont le Trinity College School, de Port Hope et l’Université Trent de Peterborough.

La seule langue qu’il maitrise est sa langue d’usage, l’anglais. Ses livres sont écrits dans cette langue. Ils sont traduits en français par son père puisque lui-même parait incapable de l’écrire convenablement.

Martel doit sa notoriété à son roman The life of Pi (Histoire de Pi) publié en 2002 et vendu à plus de 7 millions d’exemplaires dont on a tiré un film qui va bientôt prendre l’affiche. De temps à autre, cet individu suffisant se travestit en francophone pour faire la leçon aux Québécois sur ce qu’ils sont et, surtout, ce qu’ils devraient être.

Le résident de Saskatoon s’est fendu d’un texte condescendant dans Le Devoir où il affirme qu’utiliser le terme Québécois autrement que dans son acception géographique est la manifestation d’un nationalisme rétrograde. De quoi je me mêle? Où diable se trouvait-il quand la Chambre des communes a reconnu en 2006 que les Québécois forment une nation? Dérivait-il sur un canot de sauvetage dans le Pacifique?

Rappelons certains faits de sa carrière littéraire qui permettent de prendre la mesure du personnage. Au lancement de son livre, Martel avait raconté qu’il en avait trouvé l’inspiration en Inde. Un jour, il serait allé faire une petite promenade sur une colline et, soudain, l’idée du roman a jailli.

Malheureusement pour lui, plusieurs critiques ont découvert de troublantes ressemblances entre son livre et l’œuvre du grand romancier brésilien maintenant décédé, Moacyr Scliar, «Max et les chats», publié en 1981. Ils ont crié au plagiat.

Scliar mettait en scène un adolescent juif à la dérive dans un bateau avec un jaguar après un naufrage. Dans le livre de Martel, c’est un jeune indien qui est à la dérive sur un canot de sauvetage avec un tigre du Bengale.

Martel s’est ravisé et a reconnu l’«emprunt» tout en soutenant n’avoir jamais lu le livre de Scliar. Il soutenait maintenant avoir pris l’idée pour The life of pi dans une critique négative de John Updike du livre du Brésilien publié dans le New York Times. Oups, nouvelle gaffe. Le NYT n’a jamais publié un tel article. Scliar a envisagé de poursuivre Martel pour plagiat, mais il est mort sans l’avoir fait. Les médias brésiliens se sont scandalisés de voir le travail d’un des écrivains les plus éminents d’Amérique latine usurpé par un imitateur outrecuidant de langue anglaise.

Tout le monde attendait donc avec intérêt le roman suivant de Martel. On serait en mesure de voir s’il a vraiment un talent littéraire exceptionnel. Beatrice and Virgil, pour lequel il a reçu une avance de plus de trois millions de dollars, est paru en 2010.

Le livre, on devrait plutôt dire la plaquette, a été varlopé par la critique. Sans action ni intrigue, l’opuscule met en scène deux personnages, l’ânesse Beatrice et le singe Virgil qui discutent sous un arbre. Quinze de ses 200 pages sont consacrées à résumer une nouvelle de Flaubert, La Légende de Saint Julien l'Hospitalier avec de longues citations. Martel fait de la fable au sujet d’un garçon qui aime à tuer des animaux une métaphore de l’Holocauste. Une idée plutôt saugrenue.

Pas de quoi crier au génie et mener au prix Nobel de littérature. Martel semble destiné à être l’homme d’un seul livre dont l’idée a été plagiée à un auteur brésilien.

Face aux Québécois, Yann Martel se présente comme un Canadian à la Trudeau. Sa définition de lui-même comme Canadien français correspond à celle d’Elvis Gratton dans la célèbre déclamation du personnage de Pierre Falardeau.