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Israël, la Palestine et l'ONU

Le 29 novembre, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas va demander à l'Assemblée générale de l'ONU qu’elle accorde le statut d’observateur à la Palestine. Une immense majorité des États membres va accueillir cette demande avec enthousiasme. Contrairement au conseil de sécurité, les États-Unis n’y ont pas le droit de véto et ne peuvent s’y faire l’instrument d’Israël.

Bien entendu, Israël s’y oppose totalement! Pour voter contre, il peut compter sur le Canada, les États-Unis et quelques pseudo-états inféodés à Washington. D'autres pays, dont l’Allemagne, vont suivre Israël par mauvaise conscience

Pourquoi le gouvernement d’extrême droite israélien est-il déterminé à empêcher par tous les moyens que la Palestine soit reconnue par les Nations-Unies?

D’abord parce que c’est une nouvelle embuche dans la réalisation de Eretz Israël, le grand Israël de la Méditerranée au Jourdain, dont rêvent la droite israélienne et plusieurs membres du gouvernement Nethanyahu. Pour le réaliser, Israël poursuit à grande vitesse sa politique de colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, au mépris du droit international et d’une multitude de résolutions onusiennes. Les négociations de paix ont échoué il y a deux ans à cause du développement accéléré des colonies juives.

Il y a encore quelques jours, un plan de construction de 800 logements dans la colonie de Gilo, à Jérusalem-Est, a reçu le feu vert des autorités. L’emplacement est considéré comme occupé illégalement par le droit international et Jérusalem-Est est la capitale du futur État palestinien.

Un autre effet redoutable de l’accession de la Palestine à l’ONU est qu’elle va s'affilier à la Cour pénale internationale... et pouvoir lui demander d’enquêter sur les nombreux crimes de guerre commis par Israël lors de ses brutales interventions en Cisjordanie et à Gaza.

Pour empêcher la reconnaissance onusienne, Israël envisage des mesures dramatiques. Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, fait présentement circuler un document de réflexion dans lequel il propose de renverser le président Mahmoud Abbas si les Palestiniens entrent à l’ONU. Le document affirme qu’un État palestinien reconnu par les Nations-Unies allait anéantir les capacités dissuasives d'Israël et ainsi porter atteinte à sa crédibilité.

Le mois dernier, Lieberman avait déjà prévenu la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, qu’Israël allait détruire l’Autorité palestinienne plutôt que de la voir à l’ONU. Israël menace également d’annuler les Accords d'Oslo de 1993, qui ont permis la création de l’Autorité palestinienne.

Pour la remplacer par quoi? Ces menaces sont absurdes à moins de vouloir provoquer une nouvelle intifada aux allures de printemps arabe. Elles risqueraient de se propager aux Arabes israéliens qui acceptent de moins en moins les injustices et l’oppression qu’ils subissent en tant que citoyens de seconde zone. La situation se répercuterait aussi inévitablement à Gaza. Sans compter que, depuis trois ans, Israël a perdu le soutien, au moins tacite, des deux plus importants états musulmans du Moyen-Orient, la Turquie et l’Égypte. Ils ne pourraient accepter sans réagir une répression massive contre un soulèvement palestinien.

Depuis des décennies, les dirigeants israéliens se croient tout permis parce qu’ils sont sous l’aile protectrice des États-Unis. La situation a dramatiquement changé en leur défaveur avec le printemps arabe. Les mesures draconiennes qu’ils disent envisager pour empêcher que la Palestine accède à l’ONU pourraient provoquer une nouvelle guerre au Moyen-Orient.
 
Pour leur propre bien, on espère qu’il s’agit de menaces en l’air. Israël a un intérêt vital à maintenir l'Autorité palestinienne. Elle sert de tampon entre son armée et le peuple palestinien en Cisjordanie.