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Gilles Duceppe doit montrer qu’il est autre chose qu’un Jack Layton provincial

Jack Layton a-t-il autant le vent dans les voiles au Canada et au Québec que les derniers sondages le laissent croire? C'est possible. Il faudra attendre les prochains pour voir s'y on a affaire à un mouvement de fond ou une à une simple aberration comme c'est souvent le cas avec les sondages. Les sondés donnent des réponses en fonction des questions qui sont posées. L'habileté d'un sondeur c'est justement de composer et de séquencer les questions pour amener les personnes interrogées à donner la réponse voulue qui va faire la manchette. Comme la montée insoupçonnée de Jack Layton.

Gilles Duceppe, en tout cas, ne prend pas de risque et multiplie les mises en garde contre les néo-démocrates et leur chef. Si effectivement ils progressent au Québec, le chef du Bloc et ses principaux lieutenants n'auront qu'eux-mêmes à blâmer. Ils se comportent souvent, comme la filiale québécoise du NPD alors qu'ils forment le bloc national du Québec à Ottawa. On comprendrait des électeurs francophones de gauche qui préféreraient voter directement pour la maison-mère plutôt que pour la succursale provinciale. Le Bloc oublie régulièrement qu'il est à Ottawa pour représenter l'ensemble des électeurs du Québec, qu'il est à Ottawa pour revendiquer l'indépendance nationale du Québec et non pour représenter les intérêts des centrales syndicales et des différents lobbies de gauche.

L'autre explication de cette fièvre néo-démocrate au Québec serait que le NPD attire des électeurs libéraux. Ça me surprendrait grandement que les Anglais, les affairistes francophones et la mafia, traditionnellement attaché au Parti libéral se sentent tout à coup des attirances pour la social-démocratie. Le pognon n'est pas de ce côté. S'il devait y avoir des défections chez les Anglais et leurs auxiliaires, ils devraient être attirés par le pouvoir et le parti conservateur qui a en commun avec les libéraux, beaucoup des mêmes accointances et des mêmes carences éthiques, alourdies, il faut le dire, par un lourd déficit intellectuel.

Quoi qu'il en soit, Gilles Duceppe a intérêt à recentrer et à radicaliser sa campagne électorale dans le sens de l'affirmation nationale du Québec. Ni Jack Layton ni les autres chefs de parti ne pourront le suivre sur cette voie. Il faut qu'il dise et répète qu'un vote pour son ami Layton est aussi dévoyé qu'un vote pour Harper ou pour Ignatieff?

Les années qui viennent s'annoncent déterminantes pour le Québec. Pauline Marois avec le super vote de confiance du week-end a maintenant les mains libres pour ramener le PQ vers le centre de l'échiquier politique et pour faire de son parti un véritable rassemblement pour l'indépendance nationale. De quoi diluer la gibelotte Legault-Sirois et bardasser le malheureux Radeau de la Méduse sur lequel dérive Deltell et ce qui reste de l'ADQ. Toutes les répartitions de votes sur la carte électorale favorisent Marois et le PQ qui sont presque assurés de prendre le pouvoir à Québec s'ils vont chercher les électeurs du centre. Marois a promis d'exercer une « gouvernance nationale » qui va nécessairement braquer le Canada anglais.

Dans cette optique, le Bloc Québécois a un rôle déterminant à jouer à Ottawa comme formation de première ligne. C'est pourquoi il est impératif qu'il gagne des points de pourcentage et, surtout, des sièges. Gilles Duceppe mène actuellement la première bataille de la prochaine campagne en faveur de l'indépendance du Québec.