Élections en Italie: la moitié de l'électorat acclame deux bouffons

Surprise! Les Italiens sont contre l’austérité. Comme leurs ancêtres romains (selon Juvénal) ils crient: Panem et circenses (du pain et des cirques). Pour se faire, la moitié d’entre eux a voté pour deux clowns. Le premier, Sylvio Berlusconi, est un vieux porc gominé, gluant et lubrique, corrompu à l’os. Le second, Beppe Grillo, est un farceur ébouriffé, excellent dans sa parodie de politicien italien. Un genre de Coluche italien tristounet.

Ils préconisent la sortie de la zone euro. Leur score a immédiatement eu un effet baissier sur les grandes bourses mondiales. La situation italienne est préoccupante non seulement pour l’Europe, mais pour le monde entier. Silvio Berlusconi a mené une campagne sans scrupules d’une particulière malhonnêteté. Avec son bagout habituel et ses fanfaronnades machistes, il a réussi encore une fois à duper 25 % de l’électorat notamment en s’engageant à rembourser des impôts déjà payés.

Les sondeurs se sont encore une fois trompés. Ils prédisaient avec assurance une victoire facile du centre gauche. Les électeurs étaient peut-être idiots, mais pas au point de l’avouer aux sondeurs.

On parle d’une «vague populiste». C’est l’expression qu’utilisent la gauche et les journalistes quand le peuple ne vote pas comme le recommandent les penseurs profonds de l’intelligentsia.

Comment 50 % d’Italiens ont-ils pu voter pour Berlusconi et Grillo, vous demandez-vous? Attention, ici au Québec on ne fait pas mieux. Tout au long de notre histoire, on a voté pour des bouffons et des pourris: de Taschereau à Duplessis en passant, à Montréal, par Camilien Houde pour ne citer que ces exemples. Et malgré la démonstration quasi quotidienne de leurs malversations pendant des années, les électeurs de toutes les régions du Québec ont failli de peu réélire la coalition mafia-libérale.

Le parti centriste de Mario Monti, le technocrate terne qui gouvernait l’Italie avec compétence et honnêteté depuis 2011 a été laminé avec 10 % des voix. Il tentait par une gestion rigoureuse de sortir le pays de sa situation dramatique. Monti voulait mettre de l’ordre dans les finances publiques par des coupes draconiennes dans les dépenses publiques, les salaires des fonctionnaires, les retraites et toutes les prébendes que les politiciens distribuent aux électeurs pour s’attirer leur vote. «Dehors! lui ont crié les Italiens. Nous voulons le cirque». Le cirque, ils vont l’avoir

Les électeurs ne détestent rien de plus que des hommes politiques qui leur disent la vérité. C’est triste et décevant la vérité. En Occident, en général, et en Europe en particulier, elle est incontournable et elle est lugubre. L’assiette au beurre de l'État se rapetisse partout. Les gouvernements sont exsangues vidés par les largesses des cinquante dernières années, autant l’œuvre des gouvernements de droite que de gauche.

Tout le monde dans l'Europe méditerranéenne du «farniente» va y passer. Après la Grèce, l’Espagne, c’est l’Italie et bientôt, ce sera au tour de la France. Là ça va hurler «pas à peu près» comme on dit. Vous connaissez la blague. Qu’est-ce qu’un Français? C’est un Italien de mauvaise humeur! Manifs et autos incendiées à volonté, occupations d’usines et de bureaux, prises d’otages symboliques de patrons et d’élus. On va en voir de toutes les couleurs.

Imaginez. On veut forcer les Italiens aujourd’hui et les Français demain, à travailler plus d’heures par semaine, à prendre leur retraite plus tard, et à accepter d’être licencié si leur poste est aboli ou s’ils deviennent superflus. 

L’euro et l’Europe dans sa forme quasi fédérale actuelle vont réussir à survivre à combien d’autres crises politiques provoquées par des électeurs qui refusent le réel et qui manifestent une haine et un rejet viscéral pour toute politique d’équilibre budgétaire?

À Rome, le centre gauche va probablement réussir à gouverner avec l’appui conditionnel de Grillo à qui il va offrir des bonbons politiques. Mais l’Italie s’en va vers de nouvelles élections dans un proche avenir.