Crimes de guerre, illégalités : Obama n’est pas mieux que Bush

Les frappes de drones américains ont repris la semaine dernière au Pakistan. Elles avaient été suspendues à l'automne après qu'une attaque des États-Unis contre un poste militaire pakistanais eut tué 24 soldats. L'affaire avait soulevé la colère et l'indignation du pays.

Les frappes de drones américains vont finir par provoquer un coup d'état au Pakistan et installer au pouvoir à Islamabad leurs pires ennemis. Déjà, sondage après sondage, depuis dix ans, indiquent qu'une majorité de Pakistanais considèrent les États-Unis comme un pays ennemi.

Les personnes ciblées et tuées dans ces attaques n'ont jamais été accusées de quoi que ce soit devant quelque tribunal que ce soit. En fait, les États-Unis ne reconnaissent même pas officiellement qu'ils en sont les responsables. Il s'agit purement et simplement d'assassinats extra judiciaires et c'est pourquoi un rapporteur spécial des Nations-Unis s'intéresse aux exécutions à l'aide de drone.

Obama et ses conseillers s'arrogent le droit de décider de la mort d'individus soupçonnés d'être des ennemis des États-Unis. Au moins un Américain, Anwar al-Awlaki, a ainsi été tué au Yémen, devenant le premier citoyen américain exécuté sur ordre direct de son président sans avoir été condamné par une cour de justice.

Combien Obama a-t-il fait exécuter de personnes à travers le monde depuis qu'il est président ? Comme la CIA couvre ces meurtres du secret d'État, impossible de savoir. Mais dans le cas du Pakistan des statistiques compilées par des ONG existent. Une étude révèle que les 75 frappes de drones lancés en 2011, ont tuées 609 personnes. Soulignons que seulement trois de celles-ci ont été identifiées comme étant des « commandants » d'Al-Qaïda. Dommages collatéraux ? Selon le Bureau of investigative journalism, plus de 175 enfants figurent parmi les 2347 personnes tuées depuis 2004, dont au moins 392 civils qui se trouvaient à proximité des individus ciblés par les frappes décidées par Obama. On parle de 10 à 15 personnes tuées, pour chaque suspect visé.

Au cours de 2010, l'année la plus meurtrière de l'histoire des attaques de drones au Pakistan, les avions sans pilote de la CIA ont tiré 242 missiles Hellfire qui notamment ont détruit 38 maisons, 37 véhicules, et une école coranique.

Un jeune Pakistanais de 16 ans, Tarik Aziz, dont la famille a été exterminée dans une attaque de drone a pris des photos des cadavres de ses proches. Il a fait de même pour plusieurs autres attaques. Il a donné les photos à des journalistes et à des ONG. Les photos de bébés, de vieillards et femmes enceintes assassinés ont grandement embêté les Américains. Tarek et son cousin âgés de 12 ans ont eux-mêmes été assassinés par un drone quelque temps après que son témoignage et ses photos eurent été rendus publics. Un avocat pakistanais, soutenu par la ONG britannique Reprieve, envisage de porter plaintes contre les États-Unis pour l'assassinat de Tarek Aziz et de son cousin.

La politique étrangère criminelle d'Obama, comme celle de Bush avant lui, est possible à cause de l'ignorance crasse de la majorité des Américains des questions internationales et leur conviction intime qu'ils sont le peuple choisi par Dieu pour diriger le monde.

À l'étranger, aucun gouvernement, même pas le Canada harpérien, n'a apporté son soutien aux assassinats par drone. Obama n'a pas offert à ses alliés inquiets ou à l'ONU de détails permettant d'établir que ces exécutions sont l'aboutissement d'un processus judiciaire normal. Dans une lettre à Obama, l'organisation humanitaire Human Rights Watch, considère comme sans fondement et totalement inadéquate les prétentions de son administration à l'effet que les « exécutions par drone de la CIA » sont conforment au droit international.

La communauté internationale et l'ONU doivent intervenir contre les États-Unis. L'impunité d'Obama pour son utilisation extra judiciaire de drones au Pakistan et ailleurs dans le monde ouvre la porte à d'autres pays pour faire la même chose.