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Corruption et mathématique: deux faces du Québec d’aujourd’hui

Le Canada se classe parmi les 10 pays les moins corrompus des 177 évalués par Transparency International, l’organisation non gouvernementale qui publie chaque année un indice de perception de la corruption. Pour la deuxième année de suite, le pays de la feuille d’érable se classe en neuvième place, ex-æquo avec l’Australie.

Le Canada gravirait sans doute quelques échelons dans l’échelle de la probité si le Québec n’en faisait pas partie. Le Québec de son côté reculerait de plusieurs places si on l’évaluait comme un pays indépendant. Il serait intéressant qu’un organisme québécois s’adonne à l’exercice à l’aide des critères de Transparency International.

TI évalue la perception que les décideurs économiques d’un pays ont de la corruption qui gangrène les partis politiques, la police, le système judiciaire et les services publics. Pour affiner leurs résultats, on pourrait y ajouter le monde des affaires et les syndicats. S’ils le faisaient, le Québec tomberait encore plus bas.

Ce qui me frappe en regardant la liste, c’est que neuf des dix pays les plus intègres sont des pays «d’éthique protestante», l’exception étant Singapour. Les pays de «culture catholique» ne font pas très bonne figure. Comme d’ailleurs ceux de culture musulmane.

Les pays latins et méditerranéens ont une longue tradition dans ce domaine. Les liens familiaux et claniques privilégiés par ces cultures par rapport aux valeurs collectives et aux règles sociales y sont sans pour quelque chose.

Probablement que les données pour le Québec, si elles étaient disponibles, nous placeraient à peu près au niveau de la France qui arrive au 22e rang. «Le Monde», qui cite un sondage récent, écrit que «90 % des Français interrogés considèrent que la corruption est un problème dans le secteur public, et les partis politiques restent perçus comme les plus touchés par le phénomène (devant les entreprises, les médias, le Parlement, l'administration ou la police).» Encore une fois, il serait intéressant d’en faire un ici en posant les mêmes questions. Allons Léger, un petit effort.

Comme on le fait présentement ici, la France a entrepris de lutter contre la corruption. La répression des pourris s’est accentuée avec l’élection de François Hollande. Lorsque j’étais correspondant à Paris sous la présidence du socialiste François Mitterrand, la corruption y était généralisée. Il était copain-coquin avec Sylvio Berlusconi à qui il avait accordé la première chaîne de télévision privée. Le président avait placé sa maîtresse à la tête du Musée d’Orsay alors que son fils extorquait de l’argent aux dictateurs africains soutenus par la France. On ne sait trop si l’argent allait dans les coffres du PS ou dans les comptes de banque suisses de la famille.

Terminons cette chronique déprimante sur une note positive. Les Québécois de 15 ans sont parmi les meilleurs de la planète en mathématique, selon le Programme international de suivi des acquis des élèves (PISA) de l’Organisation de coopération et de développement économiques. PISA est la norme mondiale dans le domaine.

Les jeunes Québécois se sont classés tout au haut de la liste, juste après ceux des pays asiatiques (Chine, Taiwan, Corée, Japon, Singapour) qui la dominent. Nos jeunes sont donc ceux qui maitrisent le mieux l’univers des chiffres non seulement en Amérique du Nord, mais aussi de tout l’Occident. Et les élèves du secteur francophone surpassent ceux du secteur anglo-québécois. Les garçons devancent les filles. Pour une fois.

Comment expliquer ces résultats étonnants pour ne pas dire ahurissants? Il semble que la formation en mathématique des enseignants québécois en soit le secret. Sonnez l’alerte générale! Il faut vite appliquer les mêmes recettes pédagogiques à la formation des maîtres en sciences et en français.