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CLASSE, mafia, FTQ-construction: l’efficacité de la violence

Encore des centaines de milliers de personnes qui sont descendus dans les rues de Montréal ce week-end. Cette fois c’était à l’occasion de la «Journée de la Terre». On dit qu’il s’agit d’une des plus importantes des manifestations semblables qui se sont déroulées partout sur la planète. La procession avait les allures d’une fête religieuse. Les organisateurs avaient d’ailleurs demandé aux églises de faire sonner leurs cloches.

Les Québécois adorent maintenant Gaïa, la Terre-Mère. Une nouvelle religion en remplace une vieille. Mais toutes les manifestations écolos, aussi sympathiques qu’elles soient, ne peuvent changer une réalité brutale et inconvenante. La Terre est en train de devenir de plus en plus invivable parce que les êtres humains y sont de plus en plus nombreux. Parmi les manifestants du week-end, combien se porteraient volontaires pour diminuer de moitié leur consommation (voiture, alimentation, loisirs, etc.) pour permettre, en toute équité, aux 300 millions de Chinois qui accèdent à la société de consommation de jouir des mêmes privilèges?  

Certainement pas les rejetons de notre petite bourgeoisie bureaucratique qui, eux aussi, ont organisé récemment à Montréal de grandes manifestations. Avec violence cette fois.

Pas par solidarité avec des opprimés de la Terre. Pas pour revendiquer de meilleures conditions de vie pour les laissés-pour-compte et les plus démunis de notre société. Non. Nos jeunes bourgeois sont en guerre pour défendre leur privilège de classe d’avoir les frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord payés par une majorité de contribuables qui ne sont pas allés à l’université et dont les enfants n’y iront pas non plus.

Ont-ils beaucoup d’appuis ailleurs que chez nos intellectuels en chaise longue nationaux? À ma connaissance, personne ne les soutient à l’extérieur du Québec. Les messages de solidarité n’affluent pas du monde entier. Pas de délégation du Zimbabwe et du Venezuela. Le monde entier comprend qu’ils constituent une catégorie sociale privilégiée qui défend ses droits acquis. 

Ce qui est indécent, c’est qu’ils tentent, heureusement sans succès, de maquiller leur défense des intérêts de classe en combat pour la justice sociale. Personne ne les croit. Ce sont de jeunes exploiteurs qui peaufinent leurs techniques et leurs méthodes d’accaparement des richesses collectives.

Et les enfants de la petite bourgeoisie bureaucratique du Québec ne dédaignent pas avoir recours à la force pour défendre leurs privilèges. Perspicaces, ils ont compris l’efficacité de la violence et de l’intimidation. Ils voient fonctionner la Mafia, la FTQ-construction et les criminels Mohawks dans une quasi-impunité. Trois organisations qui s’entendent comme larrons en foire avec les libéraux de Charest.

Quand j’entends le premier ministre et des ministres libéraux dire qu’ils ne négocient pas avec des groupes qui utilisent ou qui ne condamnent pas la violence, j’ai le goût de vomir.

Durant la crise d’Oka, le premier ministre du Québec a négocié avec les criminels Mohawks, assassins d’un agent de la SQ, par l’intermédiaire du juge en chef de la Cour supérieure du Québec, Alan B. Gold. Pire, pour le plus grand déshonneur du gouvernement Bourassa et du gouvernement Mulroney, une rencontre, le 12 août 1990, a réunis le ministre libéral John Ciaccia, son homologue conservateur fédéral Tom Siddon avec des warriors masqués et armés.

Comment ensuite venir dire à la CLASSE et aux autres groupes étudiants qui défendent leurs droits acquis que la violence n’est pas un moyen efficace de s’emparer d’une part plus importante des biens sociaux au détriment de ceux qui n’ont pas les moyens d’y recourir. Les warriors, la mafia et la FTQ-Construction alors?

Surtout que, contrairement aux entrepreneurs et aux ingénieurs, les étudiants n’ont pas encore les moyens de s’adonner à la corruption et à la concussion.