Avortement: peut-on légalement tuer un nouveau-né que la mère voulait avorter?

Que faire lorsqu’un enfant avorté naît vivant? Des informations mises en ligne par Statistiques Canada semblent dire que dans des centaines de cas on l’a tout simplement tué après sa naissance.

À partir des données de Statcan, le blog pro-vie Run With Life a calculé qu’entre 2000 et 2009, 491 avortements de 20 semaines de gestation et plus ont abouti à des naissances vivantes. L'enfant avorté serait donc mort après sa naissance. Les statisticiens fédéraux attribuent le code P96.4 à ces avortements post-partum et les classent sous la rubrique «Interruption volontaire de grossesse, affectant le fœtus et le nouveau-né».

C’est ce qui a convaincu trois députés conservateurs d’écrire une lettre au Commissaire de la GRC, Bob Paulson, pour lui demander de faire enquête. L’article 223 (2) du Code criminel considère comme une personne humaine, un enfant qui est sorti vivant du ventre de sa mère. Les députés demandent donc à la police fédérale d’ouvrir 491 enquêtes pour homicides et d’engager des poursuites criminelles contre les auteurs de ces homicides et leurs complices.

La plainte des députés et des groupes pro-vie aurait eu plus d’impact s’ils avaient pu l’accompagner d’un affidavit d’une personne - mère, infirmière, médecin, auxiliaire de santé - qui a participé ou assisté à un tel homicide, et qui est disposée à témoigner.

Les organisations féministes et les groupes favorables à l’avortement ont immédiatement dénoncé la démarche déclarant que c’était une manœuvre pour amener le Parlement à en débattre de nouveau. Avec la Chine et quelques pays asiatiques, le Canada est l'un des rares pays où les avortements ne sont soumis à aucune restriction légale depuis des décennies. Ici, un fœtus peut être légalement avorté jusqu’à son expulsion naturelle de l’utérus, neuf mois après sa conception.

Les partisans de l’avortement affirment que plusieurs de ces cas semblent impliquer des enfants mort-nés (mortinaissances) ou des avortons déjà mis à mort dans le ventre de la mère. Peut-être. Mais il semble y avoir des cas manifestes d’enfants avortés qui ont été tués après leur naissance.

L'Institut canadien d'information sur la santé rapporte 119 «avortements-naissances vivantes» pour l'année 2010/201, un chiffre qui représenterait un accroissement significatif par rapport aux années précédentes.

La question qui se pose dans ces cas est la suivante: si l'enfant survit à son avortement, c’est-à-dire, s’il est vivant après avoir été retiré de l’utérus de sa mère, est-ce un homicide de le tuer où est-ce qu’il est normal de mettre fin à sa vie comme le voulait sa mère? Si vous répondez à cette question qu’on doit s’en débarrasser, je vous en pose une seconde qui découle de la première. Pendant combien de temps après sa sortie vivant de l’utérus de sa mère, elle ou le médecin avorteur, ont-ils le droit de le tuer comme s’il s’agissait d’un fœtus? Deux minutes, vingt minutes, une heure?

Le Parlement fédéral doit-il légiférer sur les «avortés après naissance» ou doit-il laisser la décision à la mère et son avorteur professionnel? Doit-on amender le Code criminel canadien pour permettre expressément d’avorter les bébés que la mère ne veut pas après leur naissance? Doit-on plutôt détourner la tête devant le phénomène et faire comme si ça n’existait pas?

Un jour ou l’autre un participant, par remords de conscience, va dénoncer publiquement un cas. Et il y la terrible possibilité qu’un cas aboutisse sur You Tube.

Comme je l’ai déjà dit, les politiciens sont beaucoup trop lâches pour adopter une loi en bonne et due forme loi sur l’avortement. Il va falloir qu’un cas particulièrement odieux soit hypermédiatisé pour que le Parlement s’en mêle. Et encore.