Après le cas Arthur Porter, voici le cas Luigi Coretti

Luigi Coretti, l’ancien président de l’agence de sécurité BCIA, un proche du parti libéral du Québec est en prison pour bris de condition. Celui que le parti et ses amis dans les agences gouvernementales et les municipalités avaient inondé de contrats n’a pas respecté ses engagements à la suite d’accusations criminelles pour fraude, fausses déclarations et usage de faux. Coretti fait aussi face à des dizaines de poursuites au civil de personnes à qui il doit de l’argent à la suite de la faillite de BCIA. Le libéral Pietro Perrino, un ami  Jean Charest, était administrateur de deux FIER qui ont investi et perdu des millions de fonds publics et privés dans BCIA.

Un bon ami de Coretti, l’ancien ministre Tony Tomassi risque aussi de se retrouver en prison à cause de lui. Le ministre de la Famille, dont le nom est associé au scandale des garderies, avait accepté de Coretti une carte de crédit Pétro-Canada pour son usage personnel. Tomassi a payé ses factures d'essence entre 2003 et 2008 avec la carte. Ça lui a valu des accusations de fraude et d'abus de confiance et son expulsion du conseil des ministres.

Contributeur important à la caisse du PLQ, Coretti  en menait large et l’hésitait pas à exercer son influence pour obtenir des faveurs du parti. Quand on évolue dans le milieu de Coretti, on risque de se faire des ennemis extrêmement dangereux. Demandez à Jos Borsellino qui s’en est tiré avec une chirurgie de reconstruction faciale. 

Toujours  est-il qu’en 2008, Coretti a senti le besoin d’avoir un flingue. Il demande un permis à la SQ qui lui refuse parce qu’il ne remplit pas les conditions exigées. Il appelle son ami le ministre Tomassi qui lui arrange une rencontre avec le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis. Ça s’appelle avoir du piston. Dupuis l’écoute et lui dit de rencontrer son chef de cabinet. Coretti a eu de la SQ l’autorisation de porter un « morceau ».

Mis au courant de l’affaire, le président du syndicat des agents de la SQ, Jean-Guy Dagenais, trouvait inconcevable que Coretti ait pu faire des pressions politiques pour obtenir sans justification son permis de port d’arme. Dagenais affirmait à la Presse canadienne que ce serait un énorme scandale si c’était le cas.

L’affaire s’est terminée là. Le nom de Coretti est ensuite réapparu dans l’actualité lorsqu’on a appris que BCIA avait assuré, à titre gracieux, la protection de la maison de Frank Zampino qui fait face à des accusations criminelles concernant ses activités comme président du Comité exécutif de l’administration du libéral Gérald Tremblay. Coretti entretenait aussi de bonnes relations avec le chef de police de Montréal Yvan Delorme. Au point où son agence BCIA a obtenu sans appel d’offre d'assurer la sécurité du QG du SPVM. Cela peut sembler incroyable, mais aucun document ne précisait les modalités d’application de l’entente verbale et les conditions de paiement.

Puis on sait que des enquêtes ont été ouvertes sur Coretti. Certains disent que c’est par une agence de sécurité concurrente, d’autres affirment que c’est par la GRC. Quoi qu’il en soit, Delorme démissionne peu après la mise en faillites de BCIA au printemps 2010 alors que son contrat comme chef de police vient d’être renouvelé pour cinq ans.

Quelque temps après, Jacques Dupuis quitte le poste de ministre de la Sécurité publique, assurant que cela n’avait rien à voir avec les déboires de Coretti et de Tomassi. Le ministre Jacques Dupuis faisait de la moto avec son bon ami Yvan Delorme qui avait une liaison amoureuse avec la vice-première ministre libérale, Nathalie Normandeau. C'est un bien petit monde.

À côté de ça, les accointances de Philippe Couillard avec Arthur Porter c’est de la petite bière.

Mais de toute façon, le Québécois moyen est indifférent aux affaires de corruption, sauf pour se délecter de la téléréalité qui s’appelle la Commission Charbonneau. La preuve de ce constat déprimant? Le Parti de la mafia et de la corruption généralisée jouit d’appuis importants dans toutes les régions du Québec et il s’en est fallu de peu pour que Jean Charest soit reporté au pouvoir aux dernières élections.