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Alerte à la menace terroriste, une manœuvre pour justifier la NSA?

La caricature du 5 août.
La caricature du 5 août.

Les États-Unis ont lancé une alerte «rouge» faisant État d’une menace terroriste imminente visant les intérêts américains en particulier et l’Occident en général. Elle a amené les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et le Canada à fermer des ambassades à travers le monde arabo-musulman. L’affaire a rapidement été reliée aux révélations d’Edward Snowden sur les écoutes électroniques de la NSA.

Les partisans de la NSA clament que l’alerte démontre que la surveillance des communications mondiales et des réseaux sociaux pas la NSA est justifiée alors que les adeptes de théories de la conspiration et certains adversaires de la NSA soupçonnent que l’opération est montée de toutes pièces par Washington pour montrer que la NSA a raison de se livrer à un espionnage tout azimuts de la planète. Les deux parties sont peut-être dans l’erreur.  

Et si l’alerte n’avait rien à voir avec la surveillance électronique de la NSA?

Officiellement l’alerte se fonde sur des informations à l’effet que les leaders terroristes islamistes ont comploté pour réaliser un tel attentat. En aucun cas le gouvernement américain n'a fait de liens avec les écoutes systématiques des réseaux de communications de la planète de la NSA.

On peut en effet se demander si les chefs d’Al-Qaïda sont imprudents au point de planifier une telle opération en utilisant le téléphone ou internet. Oussama Ben Laden lui-même en avait une méfiance obsessionnelle. Il ne communiquait avec ses subalternes que par des textes portés par des messagers.  

Rappelons aussi que le dernier complot d’Al-Qaïda déjoué par les États-Unis, celui de Noël 2009 visant à faire sauter un vol Amsterdam-Détroit, l’a été grâce à une information provenant d’Arabie saoudite. Pas de la NSA. Les services secrets du royaume avaient un agent infiltré dans l’organisation au Yémen. Les informations rendues publiques jusqu’ici semblent indiquer que c’est justement Al-Qaïda dans la péninsule arabique basé au Yémen qui est à l’origine de la menace terroriste actuel.

D’ailleurs, des adversaires de la NSA dans le débat actuel (comme le représentant républicain Adam Schiff de Californie) déclarent que la collecte de métadonnées en vrac par la NSA n’a rien à voir avec la découverte du complot. Le républicain Peter King de New York insiste qu’il ne s’agit pas d’une simple manœuvre de l’administration démocrate pour justifier la NSA. Il affirme qu’il a été mis an courant des sources de l’information et qu’il est convaincu qu’elles sont vraies.

Si des membres du congrès ont été rapidement mis au courant des informations concernant la dernière menace d’Al-Qaïda, il en va tout autrement des programmes de collecte de métadonnée par la National Security Agency révélés par Edward Snowden.  

Le président Obama n’a pas dit la vérité lorsqu’il a déclaré que ces programmes étaient  soumis à la supervision du Congrès. Même des membres du parti du président ont été étonnés par ses propos. Ainsi le sénateur démocrate Richard Blumenthal a affirmé sur MSNBC qu’il n’était absolument pas au courant de l’ampleur et de la portée des collectes de métadonnées et de l’étendue de la surveillance des médias sociaux par la NSA.

Non seulement les élus ne sont pas au courant des programmes de la NSA, ils ont été incapables jusqu’à maintenant d’obtenir des informations qui leur permettraient de vérifier la conformité de ces activités avec la constitution américaine.

L’administration Obama tente d’entraver les démarches d’élus pour aller au fond des choses dans cette affaire. Je doute que l’«alerte rouge» actuelle fasse oublier les révélations de Snowden par les élus préoccupés par les libertés civiles et le droit à la protection de la vie privée.