Le Marathon sauve la mise!


Heureusement qu’il y avait le Marathon, qui incidemment aura été un grand succès, pour donner aux Montréalais, avec ou sans signe ostentatoire qui font tant frémir les provinciaux, le goût de célébrer l’un des derniers week-ends d’un été qui se sera fait trop discret. Je revenais à peine de Moncton lorsque j’ai constaté sur Facebook que presque tous mes amis avaient des commentaires à émettre sur le Marathon de Montréal, qu’il s’agisse de se vanter de leur propre exploit tout personnel ou pour louer celui d’un enfant, d’un parent ou d’un ami. En revanche, j’ai lu très peu de commentaires sur les défaites de toutes les formations sportives de la métropole ce week-end. Dans sa grande sagesse, l’amateur de sports de la grande région montréalaise s’est plutôt drapé dans la fierté d’un Marathon qui lui a offert un podium tout québécois et de jolies retombées économiques, certes plus modestes que celles de la F1, mais quand même non négligeables.

De quoi faire oublier la défaite de l’Impact contre Vancouver, pour ceux qui se soucient vraiment de l’équipe de Joey. De quoi faire digérer aux fidèles de la flanelle une autre défaite à domicile en match présaison face à la Caroline. Et pour ceux qui s’intéressent à des choses plus sérieuses comme le football, de quoi mettre un tout petit baume sur les défaites subies par les quatre équipes qui ont pignon sur rue sur la ville où l’enveloppe brune a supplanté comme symbole de fierté le smoked-meat de chez Schwartz et où l’asphalte frelaté est vendu à des prix encore plus prohibitifs que les prétendus grands crus servis dans certains restaurants branchés du boulevard Saint-Laurent. Heureusement qu’il y avait le Marathon pour nous faire oublier notre fiche combinée de 0-6 au cours du week-end. L’Impact, le Canadien, les Alouettes, les Carabins, les Redmen et les Stingers ont tous subi la défaite.

Je crois que c’est sans précédent dans les annales de la chose sportive montréalaise. Mais rassurez-vous, nous survivrons grâce à ce courage légendaire qui nous a fait jadis triompher de l’Iroquois comme il nous permet de résister à la folle tentation de la conversion à toutes ces religions plus intégristes les unes que les autres que l’on nous bombarde avec insistance à grands coups de signes ostentatoires mettant en péril nos belles valeurs québécoises et du coup les fondations mêmes de cette noble démocratie dont nous sommes depuis toujours la Terre Promise et qui fait l’envie de ces autres qui nous font si peur.

Le Canadien a gagné vendredi soir face aux Hurricanes? Bah, ça ne compte pas vraiment puisque c’était un match pour aider la LNH à se faire pardonner d’avoir joué à l’agace avec la brave population de Labeaumeville qui depuis quelques années s’efforçait de croire, à tort et à travers, que le jour de la grande résurrection des Nordiques approchait à grand pas, que de la dépouille prématurément incinérée des Coyotes émergerait un oiseau fabuleux prêt à renaître de ses cendres pour s’épanouir pleinement dans le nid douillet que financent généreusement les contribuables pour accroître la fortune personnelle d’un gentil magnat de la presse, qui s’est, semble-t-il, donné pour mandat de contrôler, que dis-je, d’éduquer le bon peuple pour façonner la pensée politique, culturelle et sportive de sa tribu. Un bien beau programme si vous me demandez mon avis même si je demanderai, en digne montréalais, d’en être exempté. Quoi qu’il en soit, à défaut des Nordiques, il trouvera bien une façon de rentabiliser l’amphithéâtre que vous lui avez si gentiment offert.

Vous ai-je dis que, personnellement, je me suis consolé en apprenant que les Fighting Irish de Notre-Dame ont gagné contre Michigan State? Mes Steelers? Vous pouvez bien rire de moi. Bien sûr que je le sais qu’ils font présentement encore plus pitiés que les Browns. Même ma fille a hissé un drapeau des Bengals au-dessus de sa maison en banlieue de Cincinnati. Ça fait mal.