La LCF doit s’implanter dans les Maritimes!

Moncton, Nouveau-Brunswick

Pour une quatrième année consécutive, les Maritimes seront le théâtre d’un match de saison régulière de la LCF dans le cadre de la désormais Classique Touché Atlantique. Halifax avait accueilli l’événement inaugural mais depuis trois ans c’est à Moncton que se déroule ce rendez-vous annuel. Si Halifax est nettement une ville plus populeuse, Moncton se veut beaucoup plus centrale, avec dans un rayon de 300 kilomètres une population de près de deux millions de personnes. Le Stade de l’Université de Moncton, où les Alouettes et les Tiger Cats de Hamilton croiseront le fer, fera salle comble avec plus de 16 000 spectateurs mais l’endroit peut être aménagé pour éventuellement accueillir près de 25 000 personnes.

Le football canadien sera de retour à Ottawa l’an prochain avec l’arrivée du Rouge et Noir. La ligue comptera alors neuf équipes et les Blue Bombers de Winnipeg pourront enfin retourner dans la division Ouest qui comptera cinq formations. Une dixième équipe devient donc une nécessité pour éviter d’avoir deux divisions bancales. La LCF se doit d’explorer les avenues possibles dans l’est du pays. Or, celles-ci ne sont pas nombreuses. Il y a Québec et les Maritimes, que ce soit Halifax ou Moncton. Oublions tout de suite la Vieille Capitale et ce pour plusieurs raisons, à commencer par les Alouettes qui seraient bien fous de renoncer à leur monopole de la clientèle football au Québec pour laisser la porte ouverte à une rivale qui ne se gênerait pas pour jouer dans ses plates-bandes. Si le Canadien et Geoff Molson feront tout pour empêcher la renaissance des Nordiques, même s’ils ne s’en vanteront jamais, vous pouvez parier que les Alouettes seront encore plus enclins à défendre leur territoire.

Bien sûr, encore faudrait-il que la question se pose. Ce qui n’est pas le cas et ne le sera probablement jamais. Le stade du Rouge et Or ne peut être agrandi de manière à pouvoir accueillir une équipe de la LCF. Jacques Tanguay et l’Université Laval s’en sont assurés au moment de procéder à la modernisation du complexe sportif de Sainte-Foy. Le football universitaire fait fureur à Québec. L’argent coule à flots et l’hégémonie du Rouge et Or ne sera pas menacée de sitôt. Il n’y a pas de place à Québec pour une équipe de premier plan de football universitaire et une équipe de la LCF. Je ne suis même pas convaincu qu’un projet d’équipe professionnelle y serait viable. Je suis de ceux qui doutent que Québec ait les moyens de s’offrir une équipe de la LNH, imaginez à quel point je ne l’imagine pas dans la LCF!

C’est une chose vendre des billets une vingtaine de dollars pour voir une équipe battre les trois équipes de Montréal, la seule raison d’être des partisans de Labeaumeville, c’en est une autre de vendre des billets cinq fois plus chers pour encourager une équipe qui serait condamnée à la médiocrité pour les premières années de son existence, c'est-à-dire notamment servir de tapis aux Alouettes. Vous pouvez oublier ça tout de suite. Ça n’arrivera pas ni à court, ni à moyen terme. Or, la LCF ne peut pas, me semble-t-il, attendre trop longtemps pour élargir ses rangs afin d’accueillir une dixième équipe et ainsi être véritablement implantée d’un océan à l’autre. La solution elle est dans les Maritimes.

Je n’étais jamais venu à Moncton. J’ai visité l’Acadie à quelques reprises, passé du temps du côté Brayon à Grand Falls et même séjourné à Halifax suite à l’écrasement d’un avion de la Swissair au large de Peggy’s Cove. Mais à Moncton comme partout ailleurs au Nouveau-Brunswick, la gentillesse des gens, qu’ils soient francophones ou anglophones, semble être inscrite dans l’ADN collectif. On dit de Moncton que c’est la ville la plus polie au Canada. Je n’en doute même pas. Bien sûr que c’est tout petit comme ville. Une rue principale que l’on traverse en quelques minutes, des quartiers résidentiels qui ne s’en éloignent pas tant et une université de modeste taille qui n’accueille que quelques trois milles étudiants. C’est tout. Halifax ressemble beaucoup plus à une grande ville. Mais elle est située au sud de la province et ne rejoindrait probablement pas autant d’amateurs de football que Moncton.

Depuis que j’ai mis le pied dans cette sympathique petite ville sans prétention, je n’ai entendu qu’une seule personne, un chauffeur de taxi qui préfère la chasse et la pêche, me dire qu’il n’avait aucun intérêt pour la venue du football dans les Maritimes. Tous les autres semblent le souhaiter et plusieurs ne se sont pas gênés pour le dire au commissaire Mark Cohon que ce soit au Stade, à l’hôtel ou au restaurant. Mais pour que le rêve devienne réalité il faudra qu’au moins une des deux grandes familles qui contrôlent l’économie néobrunswickoise décide d’investir dans le projet, que ce soit les magnats qui opèrent les stations service Irving dans les Maritimes ou ceux qui ont fait fortune dans l’industrie de la pomme de terre, les McCain. Idéalement, ces deux groupes uniraient leurs forces pour convaincre la LCF de ne plus venir dans les Maritimes qu’en itinérants.

Plus que jamais, j’estime que cela doit être considéré comme une priorité dans l’agenda du commissaire.