Alzheimer : la maladie se développerait à partir d'une seule zone du cerveau

Selon une nouvelle étude, la maladie d’Alzheimer se développerait à partir d’une seule et même région du cerveau. Une découverte qui entrouvre la voie à de nouveaux traitements.

C'est une découverte importante dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer, devenue aujourd'hui un enjeu majeur de santé publique. En effet, une étude américaine parue hier dans la revue PLoS ONE révèle que la maladie se propagerait d'une zone à l'autre du cerveau en suivant les connexions entre les cellules cérébrales (les synapses, qui font communiquer les neurones entre eux). Elle fonctionnerait ainsi un peu comme une infection et se développerait à partir d'une seule région du cerveau, souligne l’étude.

Néanmoins, avec la maladie d’Alzheimer, ce n’est bien entendu pas un agent infectieux qui se propage, mais une protéine anormale. Cette protéine, appelée tau, va s'agréger sous forme de filament et va étouffer et détruire progressivement l'ensemble des cellules nerveuses (neurones). Pour l'heure, les travaux n'ont porté que sur des souris. Mais cette découverte laisse penser que bloquer ce processus suffisamment tôt pourrait empêcher la propagation de cette maladie aujourd’hui encore incurable.


«Des recherches précédentes dont celles conduites avec des IRM (imagerie par résonance magnétique) sur des humains avaient déjà révélé ce type de propagation de la maladie», souligne le Dr Scott Small, professeur de neurologie à la faculté de médecine de l'Université Columbia à New York et co-auteur de l'étude. «Mais ces différentes recherches ne permettaient pas de montrer avec certitude qu'Alzheimer se propage directement d'une région du cerveau à l'autre», ajoute-t-il dans un communiqué relayé par TV5monde.

Trouver un moyen d'arrêter la progression de tau


Chez les souris, la progression de la protéine tau depuis le cortex entorhinal jusqu'à l'hippocampe puis au néocortex «est très similaire à ce que nous voyons aux premiers stades de la maladie d'Alzheimer chez les humains», explique le Dr Karen Duff, professeur de pathologie en psychiatrie à la faculté de médecine de l'Université Columbia et principal auteur de l’étude.

Avec cette nouvelle compréhension du processus pathologique de la maladie, de nouveaux «traitements cliniques prometteurs» capables d'arrêter sa progression pourraient voir le jour, estime le Dr Duff.


«La meilleure façon de soigner Alzheimer pourrait être de l'identifier et de la traiter tout au début pour bloquer sa progression car aux premiers stades, la maladie est plus sensible aux thérapies», relève le Dr Small. «Si nous trouvons le mécanisme par lequel tau se propage d'un neurone à l'autre on pourra potentiellement empêcher cette protéine anormale de passer d'une cellule nerveuse à l'autre via les synapses en recourant peut-être à une forme d'immunothérapie», juge pour sa part le Dr Duff. Ainsi «la maladie ne se répandrait pas aux autres régions du cerveau ce qui est lié à des formes plus graves de démence», ajoute-t-elle.